BERTRAND GUAY via Getty Images
POLITIQUE – Une entorse à sa réserve qui devrait faire grincer quelques dents en macronie. Ce samedi 28 novembre, alors que des manifestations contre la loi “sécurité globale” sont organisées dans tout le pays, François Hollande a pris la parole dans les colonnes de La Montagne pour commenter ce texte polémique.
Et pour l’ancien chef de l’État, l’exécutif n’a plus d’autre choix que de supprimer purement et simplement le point le plus critiqué de cette loi: l’article 24. “Le gouvernement cherche une rédaction qui change chaque semaine, une commission est convoquée et le Parlement trouve, à juste raison, que c’est un détournement de sa compétence, nous avons des manifestations dans la rue qui risquent de dégénérer”, analyse l’ancien président de la République.
Avant de conclure: “il y a plus d’honneur à retirer un texte quand il heurte les consciences et divise la société qu’à le maintenir quand le risque, c’est de créer de l’incompréhension et de provoquer de la violence”. François Hollande sait de quoi il parle. Lui même avait dû faire machine arrière sur la déchéance de nationalité, une mesure avortée face au tollé qu’elle avait provoqué et qui, selon nombre d’observateurs, lui avait coûté le crédit qui lui restait à gauche, entraînant quelques mois plus tard son renoncement à la présidentielle de 2017.
Quand un texte heurte les consciences et divise la société, quand il risque de provoquer de la violence, il faut le retirer. La police doit agir conformément aux lois de la République, les comportements inacceptables doivent être sanctionnés avec la plus grande fermeté. pic.twitter.com/VzvQoHZHKW
— François Hollande (@fhollande) November 28, 2020
Un effet “déchéance de nationalité”?
Cette sortie n’ira donc pas rassurer ceux qui craignent que la loi “sécurité globale” produise le même effet sur le quinquennat. “Si on ne prend pas les bonnes décisions dans les prochains jours, cette affaire a le même potentiel que l’épisode de la déchéance de nationalité sous François Hollande”, s’alarme, dans les colonnes du Monde, l’eurodéputé LREM Pascal Canfin, estimant que “la ligne Darmanin hystérise le débat, fracture le point d’équilibre de l’électorat de la majorité”. Même crainte chez le député LREM Hugues Renson. “L’article 24 ne doit pas devenir notre CPE, ni notre déchéance de nationalité”, a-t-il prévenu dans une interview au Figaro.
À noter que l’ancien locataire de l’Élysée n’est pas le seul du précédent quinquennat à demander le retrait de cet article contesté. Dans la soirée de vendredi à samedi, l’ancien ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a également réclamé un rétropédalage de la part du gouvernement. “Aucun doute ne doit subsister sur les principes déontologiques qui animent la police. Ils sont son honneur et la garantie de son respect par les Français. L’article 24 doit être retiré, et l’amour de la République exige de chacun qu’il adopte un discours de responsabilité”, a tweeté l’ancien locataire de Beauvau.
Aucun doute ne doit subsister sur les principes déontologiques qui animent la police. Ils sont son honneur et la garantie de son respect par les Français. L’article 24 doit être retiré, et l’amour de la République exige de chacun qu’il adopte un discours de responsabilité.
— Bernard Cazeneuve (@BCazeneuve) November 27, 2020
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