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À Fribourg, un Don Pasquale vocalement brillant

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Fribourg. Théâtre de l’Equilibre. 2-I-2022. Gaetano Donizetti (1797-1848) : Don Pasquale, opéra-bouffe en 3 actes sur un livret de Giovanni Ruffini et du compositeur d’après un premier livret d’Angelo Anelli. Mise en scène : Jeanne Pensard-Besson. Décors : Cléo Laigret. Costumes : Amandine Rutschmann. Lumières : Eloi Gianini. Avec : Pablo Ruiz, Don Pasquale ; Melody Louledjian, Norina; Alexandre Beuchat, Dottor Malatesta ; Bogdan Mihai, Ernesto ; Simon Ruffieux, Le notaire. Chœur du NOF-Nouvel Opéra de Fribourg (direction : Inna Petcheniouk). Orchestre de chambre fribourgeois, direction musicale : Sebastiano Rolli

L’Opéra de Fribourg reprend, dans une nouvelle production, le merveilleux et charmant Don Pasquale de Gaetano Donizetti qui n’avait plus eu les faveurs de sa scène depuis plus de vingt ans.

Parmi les dernières compositions de l’imposant catalogue lyrique de Donizetti, Don Pasquale est certainement son opéra-bouffe le plus abouti. Il réunit dans un délice musical continuel le comique et le sentimental sur un fond de cruauté. Don Pasquale est un vieil homme cupide qui, pour conserver, voire augmenter son bien, est prêt à déshériter son neveu. Il se trouve bientôt victime d’une machination ourdie par son propre médecin, la jeune veuve Norina et le neveu, amant éperdu de celle-ci. Tous les ingrédients de la farce sont réunis dans un livret bien ficelé. Et tout cela agrémenté d’une musique d’une rare beauté.

Malheureusement, la metteuse en scène Jeanne Pensard-Besson déçoit beaucoup par la pauvreté scénique de son approche. Sans jamais saisir l’esprit bouffe de cet opéra, elle occulte toute l’inventivité comique et rieuse qu’on pressent dans cette histoire. Pendant l’ouverture déjà, c’est un incongru ballet d’escaliers métalliques, poussés par des machinistes sur une scène à peine éclairée d’un spot dirigé par un autre compère. Au gré du déroulement de l’opéra, ces squelettiques structures ne cesseront d’être transbahutées d’un coin à l’autre sans apporter une quelconque couleur dramatique à l’action. Sans réelle idée directrice, la metteuse en scène plaque des effets scéniques (comme ces quelques gestes familiers en rythme avec la musique) au lieu de nous faire vivre les climats qu’inspirent l’intrigue et la musique de cet opéra. Sa direction d’acteurs ne porte guère les protagonistes vers une incarnation habitée de leurs personnages. Ils errent ainsi sans grande conviction sur la scène, preuve en est avec sa Norina devenue mère d’un bébé de chiffon dont elle ne fait rien d’autre que de le passer d’une personne à une autre sans que cela n’ajoute rien à l’intrigue. De même, le décor de Cléo Laigret et les costumes d’Amandine Rutschmann manquent sinon de caractère, du moins de couleurs. Ainsi, Don Pasquale avec son costume trois pièces ressemble plus à un bourgeois quelconque qu’au grigou caricatural du livret d’origine. Les robes et pantalons rose-bonbons des domestiques engagés par Norina semblent totalement inadéquats, quant aux habits des autres protagonistes, ils se caractérisent par leur fadeur.


Mais la banalité de la mise en scène n’altère en rien la volonté des protagonistes de bien faire. Ainsi, la distribution vocale parait équilibrée. Peut-être un peu jeune pour le rôle, Pablo Ruiz (Don Pasquale) possède un bel instrument. Malheureusement s’exprimant trop puissamment pour les dimensions du théâtre, le baryton fait preuve d’une bonne préparation vocale, d’une diction claire et d’une projection sans faille. Parfois emprunté techniquement lorsque la musique s’emballe, le jeune chanteur se profile néanmoins comme un artiste à suivre. La soprano Melody Louledjian (Norina) s’affirme comme la reine du plateau. À l’aise dans tout le registre, s’amusant des difficultés des vocalises, elle convainc par son habileté vocale et scénique. Bougeant, chantant en totale liberté corporelle, elle occupe bien la scène. On aurait cependant apprécié qu’elle offre plus de couleurs dans son chant, qu’elle ose quelques pianissimi ou quelques sons filés qu’elle possède certainement. Son personnage n’en aurait été que plus touchant.

Quant au baryton Alexandre Beuchat (Dottore Malatesta), il semble encore emprunté, n’osant pas lancer sa voix avec force et conviction. Si l’instrument est correct, bien dirigé, il apparaît encore trop timide pour incarner la théâtralité des textes. Le temps lui donnera l’assurance de son propos vocal. Si le ténor Bogdan Mihai (Ernesto) possède quelques beaux accents, sa voix n’est pas encore aboutie pour assurer une parfaite exécution de ce rôle difficile. Les voix de tête et de poitrine restent encore trop disparates pour ne pas donner l’impression d’une homogénéité d’émission créant parfois une certaine gêne à l’écoute.

Dans la fosse, l’Orchestre de chambre fribourgeois s’acquitte avec élégance de ces plus de deux heures de musique ininterrompue. Même si parfois manquant d’autorité entre le plateau et la fosse en créant quelques décalages, le chef Sebastiano Rolli satisfait agréablement son auditoire par sa manière musicale d’aborder cette belle partition.

Crédit photographique : © Magali Dougados

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Fribourg. Théâtre de l’Equilibre. 2-I-2022. Gaetano Donizetti (1797-1848) : Don Pasquale, opéra-bouffe en 3 actes sur un livret de Giovanni Ruffini et du compositeur d’après un premier livret d’Angelo Anelli. Mise en scène : Jeanne Pensard-Besson. Décors : Cléo Laigret. Costumes : Amandine Rutschmann. Lumières : Eloi Gianini. Avec : Pablo Ruiz, Don Pasquale ; Melody Louledjian, Norina; Alexandre Beuchat, Dottor Malatesta ; Bogdan Mihai, Ernesto ; Simon Ruffieux, Le notaire. Chœur du NOF-Nouvel Opéra de Fribourg (direction : Inna Petcheniouk). Orchestre de chambre fribourgeois, direction musicale : Sebastiano Rolli

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