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Elle dit avoir pris prétexte de son anniversaire (le 3 décembre) pour accélérer d’une semaine la mise en ligne de son deuxième album. Mais on a du mal à la croire tant cette stratégie de précipitation des sorties pour créer le buzz est bien rodée dans les milieux du R’n’B et du hip-hop. Voici donc Nonante-Cinq, le disque qui devrait confirmer Angèle comme phénomène de la pop urbaine francophone. Statut qui lui vaut un documentaire diffusé depuis le 26 novembre sur Netflix.
Cet autocadeau pour ses 26 ans – la parution de l’album en physique est maintenue au 10 décembre – porte donc en titre l’année de naissance d’Angèle, qui s’inspire ici de la Britannique Adele égrainant, elle, ses âges au fil de sa discographie. A ce millésime, il ne sera pourtant fait qu’une fois référence, dans Pensées positives : « Besoin de pensées positives ou de changer d’époque/Depuis 1995, j’ai confiance qu’en mes potes ». Voilà qui pose une philosophie.
La touche de singularité est, bien sûr, dans la belgitude de ce « nonante ». Angèle Van Laeken a grandi à Linkebeek, une commune flamande au sud de la capitale. Ce qui est rappelé en introduction avec Bruxelles je t’aime, single lancé en appât dès le 21 octobre. Soit la chanson la plus ambitieuse de cet album, puisqu’elle traite d’un sujet éminemment politique, la question de la partition. Pour les paroles, la chanteuse, qui doit connaître ses classiques, a visiblement pris modèle sur le Göttingen de Barbara : « On n’a pas Beaubourg, ni la Seine », déplore-t-elle (en écho à « Bien sûr nous, nous avons la Seine/Et puis notre bois de Vincennes » de son aînée), avant d’envisager à son tour la désunion et le pire, la poésie en moins : « Et si un jour elle se sépare/Et qu’on ait à choisir un camp/Ce serait le pire des cauchemars/Tout ça pour une histoire de langue ».
Une génération narcissique et peu sûre d’elle
Cette déclaration d’amour à la ville est aussi une réponse au Bruxelles (1974) de Dick Annegarn, la chanson de référence sur le sujet avec celle de Brel. Angèle l’avait d’ailleurs reprise en 2016, à sa notoriété naissante. Là encore, on relèvera l’analogie entre « Paris m’appelle quand je veux rentrer chez moi/Quand le ciel gris et la pluie me manquent » et « Bruxelles ma belle/Je te rejoins bientôt aussitôt que Paris me trahit », que chantait le folk singer néerlandais. Mais l’ambiance n’est pas la même, dramatique et houblonnée chez l’un, solaire et dansante chez l’autre.
A cette chanson près, le numéro deux de mam’selle Angèle s’inscrit dans la continuité de son premier album, Brol (2018), écoulé dans sa première année en France à plus de 600 000 exemplaires et récompensé d’une Victoire de la musique dans la catégorie révélation. Avec les mêmes atouts, une voix séduisante, suave ou évanescente, traitée comme un instrument avec des effets et des filtres. Et des textes salués pour ce qu’ils raconteraient d’une génération, à la fois narcissique (grâce aux réseaux sociaux) et peu sûre d’elle-même quand elle se confronte à la vie réelle.
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