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L’école nationale République de Cuba n’a toujours pas été reconstruite. Et sa proximité avec un camp de rescapés du 12 janvier rend presque impossible son fonctionnement
Sans les élèves qui déambulent dans la cour, on croirait volontiers que personne ne fréquente plus l’espace de l’école nationale République de Cuba. Le hangar de six salles qui abrite cet établissement situé à Mayotte est complètement décrépi. Les planches pourrissent et menacent de lâcher par endroits. La toiture en tôle ne retient plus l’eau de pluie, et la chaleur est accablante dans les classes.
Quelques marchandes de friandises sont installées devant l’entrée, sur des marches, vestiges de temps plus anciens et plus heureux. La poussière que soulèvent le vent et les pieds d’enfants qui courent partout les recouvrent. Dans la petite cour, un reste de parquet en ciment et une balançoire sans siège rappellent qu’il y a quelques années, la situation était différente. Avant le tremblement de terre de 2010.
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Depuis que le séisme a mis à terre le bâtiment de l’école, rien ou presque n’a été reconstruit. Toutes les démarches des responsables, ou d’anciens élèves n’ont pas abouti. Le bureau du directeur de l’école est une pièce d’environ deux mètres carrés. Une table, deux chaises, quelques casiers métalliques en sont l’ameublement.
Voisinage indésirable
Au lendemain du séisme, des sinistrés ont dû laisser leurs maisons effondrées pour s’installer dans des camps de fortune. Dans la cour de l’école nationale de Mayotte, des piquets avaient aussi été plantés. Puis de tentes en taudis en tôle, le pas a vite été franchi. Des familles entières ont décidé de rester, quand d’autres sont parties. « La plupart des gens qui y habitent maintenant ne sont pas des victimes directes du séisme, explique Mésalon Marion, l’un des responsables de l’école. Les premiers habitants du camp sont partis et certains ont loué leur maison à d’autres personnes venues d’ailleurs. »
L’ambiance du camp dérange les élèves. À longueur de journée les occupants font du bruit, profèrent des injures, selon le responsable. Un mur de planches, et quelques tôles seulement séparent les salles de classe du reste du camp. Jour après jour, l’école perd un peu de son terrain. L’emplacement de la cafétéria n’est plus qu’un souvenir. Les toilettes dont se servaient les écoliers ont totalement été envahies. Et remplies. Il n’y a plus d’espace où faire ses besoins. Un professeur de deuxième année fondamentale qui n’a pas voulu donner son nom assure qu’il n’y a qu’une chose à faire le plus souvent : « On attend qu’on soit rentrés chez nous ».
Dans un coin du bureau du directeur, Fritz Gilles, trône un bol de toilette neuf. « Nous avons construit un petit espace pour le placer. C’est un don d’un particulier. Mais nous ne pouvons pas encore l’installer », regrette-t-il.
Les bancs de l’école subissent aussi les conséquences de ce voisinage peu désirable. Ils disparaissent souvent, du soir au lendemain, d’après Fritz Gilles. C’est aussi un foyer d’insécurité, selon Mésalon Mario. « Une élève a été violée ici, se souvient-il. L’homme responsable habitait le camp, mais il s’est enfui de la zone. » Des habitants du camp interrogés n’ont pas voulu intervenir pour l’article.
Deux poids deux mesures
L’école nationale République de Cuba a pendant longtemps été la seule école nationale de ce district, selon les deux responsables. Elle a été construite sous la présidence de Dumarsais Estimé. Plusieurs générations y ont été formées.
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Marie Lourdes Lubin est professeure à l’établissement depuis plus de vingt ans. Elle se rappelle les difficultés qu’il y avait avant le séisme. Mais elles ne sont pas comparables à celles de maintenant. Les élèves ont moins d’attention, à cause du local peu idéal. Les salles sont ouvertes les unes sur les autres, et les bruits dans l’une viennent perturber les autres. Même si Lubin use toutes ses techniques de professeure de carrière pour attirer vers elle l’attention de ses élèves, les résultats ne sont pas toujours bons.
Pourtant, à quelques mètres seulement de l’école, un ensemble d’immeubles flambants neufs viennent de sortir de terre. Leur construction est récente. Ils brillent au soleil, et leur peinture éclatante contraste avec la triste couleur des planches délavées de l’école nationale. Un haut mur de barbelés clôture l’enceinte. C’est une école professionnelle, construite par l’État, selon le directeur Fritz Gilles. « Elle a été construite sur le terrain de l’école nationale, alors que rien n’a été fait pour nous. Pourtant il aurait été logique de reconstruire d’abord l’école primaire, qui fournirait des élèves mieux formés à l’école professionnelle. »
Les toilettes dont se servaient les écoliers ont totalement été envahies. Et remplies. Il n’y a plus d’espace où faire ses besoins.
D’après Mésalon Mario, un seul des bâtiments de l’école professionnelle leur suffirait pour héberger la totalité des salles de classe, la direction, et les autres espaces nécessaires aux élèves. « Nous en avons fait la demande, mais on nous l’a refusé », dit-il.
Incertitude
Les deux responsables assurent qu’on leur avait dit que l’école nationale de Mayotte était en tête de liste pour être reconstruite. Mais 12 ans plus tard, la seule construction est le nouveau bloc sanitaire, qui porte un nom bien présomptueux pour ce qu’il en est réellement : une petite salle où uriner. Par manque de moyens, les travaux de plomberie ne peuvent pas continuer.
Le bureau du district scolaire dans lequel se trouve l’école nationale République de Cuba connaît bien la situation de cette école. « Je sais que c’est une école qui est dans une situation vraiment déplorable, dit l’inspecteur principal Poidevin. Mais je ne crois pas qu’elle soit sur une liste de reconstruction. Je suis seulement au courant qu’il y a eu des démarches qui n’ont pas abouti. ».
Le bureau du génie scolaire, responsable des chantiers de construction des écoles de l’État, contacté pour l’article, a renvoyé vers le Fonds national pour l’Éducation. « Je sais que le FNE est sur le point de s’atteler à de nouveaux projets », dit évasivement Romuald Daniel, un responsable de cette section du MENFP.
La liste de ces écoles à reconstruire étant pour l’instant introuvable, il est difficile de savoir ce qu’il en sera de l’école nationale de Mayotte. Le ministre de l’Éducation nationale, Nesmy Manigat, n’a pas fait suite aux demandes d’interview. En attendant, les responsables de cette école nationale réclament une clôture, en béton ou même en tôle, pour protéger ce qu’il reste de l’établissement, ainsi que les élèves.
Photo de couverture: Adelson Carvens. Vue de l’Ecole Nationale de la République de Cuba, limitrophe à un camp de fortunes du 12 janvier 2010
Photos: Adelson Carvens / Ayibopost
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