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Chez Disney+, le contrôle parental proposé comme different à la cancel tradition

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Disney Shun Gon, le chat siamois des “Artistochats”, dessin animé Disney sorti en 1970

DISNEY – “Comment ça on retire ‘Les Artistochats’ de Disney+?” Les réactions indignées se sont multipliées après la publication du tweet d’un journaliste de BFMTV affirmant qu’un sure nombre de dessins animés cultes de Disney “sont désormais inaccessibles depuis les profils ‘enfants’ en raison de clichés jugés racistes” le 20 janvier dernier. Mais si beaucoup ont cru y voir un nouvel exemple de la “cancel culture”, il n’en est rien.

C’est un fait: les classiques “Peter Pan”, “La Belle et le clochard”, “Le livre de la jungle”, “Dumbo” ou encore “Les Aristochats” n’apparaissent plus dans le catalogue de la plateforme de streaming depuis un “profil enfant” depuis le mois d’octobre, a confirmé Disney+. Mais ces movies n’ont pas pour autant été supprimés, comme ont cru le comprendre certains, d’autres allant jusqu’à parler de “censure”. “C’est navrant de voir une véritable autocensure de Disney par lui-même”, réagit Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’institut de sondage IFOP, sur Sud Radio.

En fait, ces dessins animés font désormais plutôt l’objet d’un “contrôle parental”. Les “profils enfants”, “destinés aux moins de 7 ans”, sont “spécialement créés pour une jeune audience” pour “accéder à leurs contenus préférés dans un environnement totalement sécurisé”, nous explique un porte-parole. Ils disposent en effet d’un accès limité au catalogue. Les adultes, eux, ont par contre bel et bien toujours la possibilité de lancer le visionnage de ces dessins animés qui sont, depuis plusieurs mois, précédés du message d’avertissement suivant:

“Ce programme comprend des représentations datées et/ou un traitement négatif des personnes ou des cultures. Ces stéréotypes étaient déplacés à l’époque et le sont encore aujourd’hui. Plutôt que de supprimer ce contenu, nous tenons à reconnaître son influence néfaste afin de ne pas répéter les mêmes erreurs, d’engager le dialogue et de bâtir un avenir plus inclusif, tous ensemble. Disney s’engage à créer des histoires sur des thèmes inspirants et ambitieux qui reflètent la formidable diversité et la richesse culturelle et humaine à travers le monde”.

Après le lancement de la plateforme Disney+ aux États-Unis, puis dans d’autres pays du monde, le célèbre studio de cinéma avait reconnu “l’influence néfaste” et le caractère stéréotypé de nombreuses de ses œuvres emblématiques à l’picture des Amérindiens présentés comme inférieurs aux autres enfants dans “Peter Pan” ou du chat siamois des “Aristochats” qui a les yeux bridés et joue du piano avec des baguettes. Un site dédié a d’ailleurs été créé par Disney pour expliquer sa démarche.

“Plutôt que de supprimer ce contenu”, précise la plateforme, ce choix relève donc d’une démarche pédagogique et encourage les mother and father qui le souhaitent à “engager le dialogue” avec leurs enfants autour des “représentations négatives” véhiculées par ces dessins animés. Interrogée par Le HuffPost, Disney+ ajoute qu’une “nouvelle fonctionnalité de contrôle parental” sera mise en place à compter du 23 février et permettra “en plus du ‘profil enfant’, de créer des profils par âge (de 6 ans et +) et ainsi de donner accès à l’ensemble des contenus du service en adéquation avec l’âge de l’utilisateur.” 

Un effort de pédagogie et de contextualisation qui s’oppose à la cancel culture, qui, en plus de dénoncer et supprimer des œuvres jugées problématiques, peut conduire au boycott de son auteur et ce peu importe le contexte de sa publication. Et la démarche different de Disney+ n’est pas inédite. Avant l’été, des voix dénonçaient la “censure” du classique américain “Autant en emporte le vent”, retiré de la plateforme de HBO Max à trigger des préjugés racistes qu’il véhicule. En fait, le movie avait simplement été suspendu temporairement de la plateforme le temps d’y adjoindre des vidéos de contextualisation pour resituer l’œuvre dans son époque.

L’idée n’est pas de “détruire les traces de cette histoire-là”, mais “d’y apporter des explications ou un avertissement”, expliquait alors au HuffPost Régis Dubois, auteur et spécialiste du cinéma américain et en particulier du cinéma afro-américain. “Il faut regarder notre histoire en face et accompagner ces témoignages de l’histoire, cela fait partie de notre devoir de mémoire”.

Néanmoins cet effort de contextualisation d’œuvres plus ou moins anciennes n’est pas du goût de tout le monde. L’humoriste Sophia Aram consacre ce lundi 25 janvier sa chronique sur France Inter aux messages d’avertissement de Disney. Pour elle, “aucune mise en garde, ne pourrait, ni ne devrait nous épargner de nous confronter aux œuvres, à ce qu’elles portent d’émotions, d’histoires, d’humanité, mais aussi de préjugés, de raccourcis, de part d’ombre.” Et d’ajouter en outre “qu’aucun message d’avertissement ne permettra de prévenir les générations futures de tous les préjugés, les âneries, les pis-aller, de notre néo-racisme à la sauce woke et autres errements que nous ne manquerons pas de léguer aux générations futures.”

Dans une tribune publiée sur le website du Figaro ce lundi 25 janvier, Sami Biasoni, doctorant, auteur de Français malgré eux (avec Anne-Sophie Nogaret) traitant du thème du racialisme en France et membre de la rédaction du journal Causeur, pointe lui du doigt la dérive de Disney+ en “précepteur moral”. L’essayiste défend s’opposer à la normalisation de la “culture de la précaution”, “surtout en matière d’expression artistique”: “Elle n’est autre qu’une propédeutique douce à la manifestation d’une censure aveugle articulée selon les modalités implacables de l’effacement”.

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