Comment notre rapport à notre propre image est-il impacté par la crise sanitaire et les mouvances actuelles ? Est-ce que les confinements ont modifié notre relation à la beauté ? Avec Marie Leport, acheteuse beauté de la Samaritaine, nous avons parlé beauté, genre et Covid-19.
Réunions Zoom, visages masqués, réseaux sociaux, selfies… Les paramètres qui affectent notre regard sur nous-mêmes en temps de pandémie sont nombreux. Ils contribuent à moduler nos rites et expérimentations.
Marie Leport, acheteuse beauté de la Samaritaine (fraîchement réouverte avec un espace de 3 500 mètres carrés spécialement dévolu aux cosmétiques, le plus grand d’Europe), revient sur ces mutations imperceptibles et leur impact sur propre reflet, entre libération et réinvention.
Quelles sont les tendances actuelles en beauté ?
Marie Leport – On remarque des prises de parole autour de la diversité, de l’inclusion et de la beauté sans genre. Il y a de plus en plus d’égéries genderless, de célébrations de sa propre personnalité. Il faut dire que la beauté derrière un écran – comme c’est le cas actuellement – peut être une première étape qui facilite une prise de parole, avant de s’aventurer dans la vie extérieure. On peut tester de nouvelles choses et jouer avec son apparence sur les réseaux. Cette dématérialisation permet, dans un premier temps, de laisser libre cours à des choses qui ne sont pas autorisées ou que l’on ne s’autorise pas dans la vraie vie.
Quel impact le confinement a-t-il eu sur le maquillage ?
À cause du masque, le maquillage pour les yeux a explosé. Les gens ont très envie de s’amuser avec cette zone du visage, premier vecteur de communication. On remarque des couleurs pop, irisées, néon, etc. L’expérimentation a pris une dimension artistique. De manière générale, on opte pour des choses très visuelles, car on est beaucoup derrière nos écrans de téléphone, d’ordinateur, sur Zoom, à s’envoyer des photos et des selfies. On va choisir ce qui est visuellement impactant, ce qui va marcher derrière un écran… À titre de comparaison, le parfum marche évidemment beaucoup moins bien !
Le rapport au soin a-t-il également évolué ?
Oui, avec les confinements, les gens ont également eu une soudaine envie de prendre soin d’eux, d’aller vers des soins longs. On veut se sentir bien et surtout prendre le temps de se faire du bien, d’installer des rituels, des nouvelles étapes dans sa routine quotidienne. On remarque aussi que les clients ont une plus grande connaissance des produits, du fonctionnement des ingrédients, de l’offre, souvent grâce aux réseaux sociaux. Cela affecte fatalement la communication et la sélection de l’offre. Les gens veulent une liste d’ingrédients courte, efficace, avec un produit phare qu’ils connaissent, et un vrai retour sur investissement.
Y a-t-il une évolution dans le rapport entre âge et maquillage ?
Aujourd’hui, l’expérimentation dans le maquillage est transgénérationnelle. Des jeunes de 25 ans commencent à intégrer de l’acide hyaluronique (à l’effet antirides) dans leur routine, des femmes de plus de 40 ans vont arborer des eyeliners de toutes les couleurs. Les gens s’autorisent à penser par eux-mêmes, à se concentrer sur leurs besoins et à se faire plaisir.
