Faux pass sanitaire: Ce que l’on sait après la mort d’une patiente non-vaccinée à l’hôpital de Garches
Pascal Rossignol via Reuters
CORONAVIRUS – “Je n’en veux pas à l’hôpital, j’ai confiance en eux, ils ont tout fait pour la sauver”. Une femme de 57 ans, qui s’était procuré un faux certificat de vaccination, est décédée du Covid-19 dans un hôpital francilien, a indiqué vendredi le chef du service de réanimation de l’établissement, appelant les patients non vaccinés à ne pas le dissimuler aux médecins.
La patiente, sans antécédents médicaux, avait été admise à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine) munie d’un faux pass sanitaire acheté “200 euros” à un médecin, assurant qu’elle était vaccinée, selon les explications de son mari.
Elle souffrait d’une forme grave de la maladie “qui a progressé rapidement vers une atteinte respiratoire sévère”, a déclaré Djillali Annane, chef du service réanimation, interrogé sur RTL. Selon son compagnon, Patrick, elle aurait contracté la maladie en s’occupant de son fils, infecté au collège et âgé de 13 ans.
Des traitements auraient pu la sauver
Or si les médecins avaient su que la patiente n’était pas vaccinée contre le Covid-19, ils auraient pu “précocement lui administrer des anti-corps neutralisant, dont on sait qu’ils sont efficaces pour réduire le risque de progression de la maladie”.
Un faux certificat de vaccination “ne protège pas contre le virus et peut aiguiller faussement le médecin qui vous prend en charge”, a-t-il souligné. C’est le mari de la patiente qui a fini par avouer qu’elle n’était pas vaccinée. Lui-même l’était, mais il avait “eu du mal à convaincre son épouse” de se vacciner, a expliqué le Dr Annane.
“Au travail, ils lui ont dit si tu ne veux pas te faire vacciner, tu ramènes des tests PCR. Elle a ramené des tests PCR et un jour quelqu’un lui a dit ‘moi je connais quelqu’un qui peut te faire un pass sanitaire pour 200 euros.’ Elle m’en avait parlé au départ, on s’est disputé à cause de ça, on a failli divorcer à cause de ça”, a expliqué son mari sur BFMTV.
“J’en veux beaucoup, ce n’est pas un médecin ça, c’est un meurtrier, un assassin, j’ai porté plainte pour faux et usages de faux. Que justice soit faite”, martèle-t-il. “Je crois que c’est de ma faute quand même, parce que j’ai pas dit tout de suite qu’elle n’était pas vaccinée, ça je m’en veux, c’est comme si c’était moi qui l’avait tuée , ça fait mal, j’ai respecté la volonté de ma femme.”
Ce cas de fausse vaccination ne serait selon lui pas isolé: “on a au moins un autre patient sans aucun anti-corps, qui a une forme sévère et continue de dire avoir été vacciné”. “Il est fondamental d’assumer jusqu’au bout lorsqu’on décide de ne pas se faire vacciner, parce que la connaissance par le médecin de cette information peut parfois changer la façon dont on prend en charge”, a-t-il conclu.
Pour rappel, différentes amendes sont prévues par la loi en cas de fraudes:
– Utiliser le passe sanitaire authentique appartenant à autrui ou prêter un passe sanitaire authentique à quelqu’un en vue d’une utilisation frauduleuse est puni d’une amende de 750 euros maximum, forfaitisée à 135 euros si elle est réglée rapidement. En cas de récidive dans les 15 jours suivant la 1re verbalisation, le montant atteint 1.500 euros. Si cette violation est constatée plus de 3 fois en 30 jours, la sanction pénale encourue est portée à 6 mois d’emprisonnement et 3 750 euros d’amende.
– Utiliser, procurer ou vendre de faux passes sanitaires, notamment via les réseaux sociaux, est passible de 5 ans de prison et de 75.000 euros d’amende maximum (contre 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende avant la loi “Vigilance sanitaire”).
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