François Alu, un Premier danseur avec les stars
Après une ascension rapide au sein du Ballet de l’Opéra de Paris, qui l’a mené jusqu’au grade de Premier danseur, François Alu a pris un congé de six mois pour concevoir un nouveau spectacle, François Alu, complètement jeté, actuellement en tournée, et participer pour la première fois au jury de l’émission Danse avec les stars sur TF1, qui s’achève le 26 novembre prochain. Retour avec lui sur cette double expérience.
ResMusica : N’est-ce pas paradoxal que l’on ne vous nomme pas étoile alors que le répertoire contemporain dans lequel vous vous êtes illustré (Pite, Forsythe, Ekman) ne cesse de s’élargir à l’Opéra de Paris ?
François Alu : J’ai une appétence pour toutes les danses, ce n’est pas pour cela que j’ai pris un congé de l’Opéra de Paris, loin s’en faut ! Je trouve bien que la danse s’élargisse, génial qu’il y ait des créations contemporaines et qu’il y ait du classique… C’est la boulimie de danse qui m’a poussé à prendre un congé, pour me permettre de relever personnellement de nouveaux challenges. Avec ce nouveau spectacle, François Alu, complément jeté, né de 11 ans de collaboration avec Samuel Murez, nous avons pu créer une immense palette émotionnelle. Je joue la joie, le rire, la tristesse, la peur… dans un temps assez restreint. C’est un spectacle très dense (ou très danse) de 1h20, dans lequel je danse 15 solos et j’incarne 12 personnages. Parfois, je parle et je danse en même temps. Pour tenir le rythme, j’ai fait 8 mois d’entraînement cardio, je fais beaucoup de sport et je suis très en forme et très heureux.
Ce que j’aime aussi dans ce spectacle, c’est son côté kaléidoscopique. Il y a plein de personnages, plus le spectacle se resserre et plus le spectateur comprend où cela va… L’introduction d’une partie théâtrale était aussi une façon de me lancer de nouveaux défis, et l’accueil lors de la création à Bourges a validé cette volonté. Cela a un côté gratifiant quand je repense au petit garçon que j’étais, avec ma phobie pour certaines matières, alors que je suis aujourd’hui capable d’apprendre 1h20 de texte. Plus le temps passe, plus je repousse les limites et la prochaine fois, je chanterai !
RM : Le confinement a-t-il constitué un déclic ? Pendant cette période, vous avez réalisé plusieurs court-métrages et réfléchi à la création d’un seul en scène.
FA : Le confinement a été un catalyseur de plein de choses. Les deux premières semaines, c’était très dur, car j’entendais les infos. Et je me suis demandé ce que je pouvais faire. Pourquoi je fais ce métier, à quoi ça sert, la place des artistes n’est-elle pas essentielle ? Avant, je n’avais plus le temps de penser. Chaque soir, il y avait comme un sorte de bloc d’idées, de pensées, de réflexions qui s’accumulait et c’était parfois pulsionnel, comme un geyser en explosion permanente ! C’est pourquoi j’ai décidé de me ménager des temps où je pense et j’écris, ce qui va me permettre de mener à bien le projet de livre qui va sortir.
Pendant le confinement, la roue infernale s’est bloquée contre un rocher et j’ai pu faire plein de choses. J’avais besoin de calme. J’ai réfléchi, écrit, réalisé avec un chef opérateur deux court-métrages que j’ai vendus à France Télévisions. C’était la première fois que je menais de A à Z un projet avec autant de responsabilités.
Pendant le premier confinement, nous n’avions pas le droit de sortir, alors je suis resté chez mes parents dans le sud de la France. Puis, nous avons eu le droit de nous déplacer pour des projets professionnels et je me suis rendu pour un tournage d’une journée dans le Nord de la France et d’une scène à Paris. Ce film a été diffusé sur Culturebox.
RM : Le fait que des artistes puissent quand même s’exprimer à travers des vidéos a permis à beaucoup de personnes de tenir pendant le confinement.
FA : Oui, c’est vrai, car on est censé véhiculer des émotions. Beaucoup d’artistes ont fait des vidéos mornes et tristes, et ma première réaction en les visionnant a été de la colère. Pourtant, avec le recul, je les trouve géniales, car je suis favorable à ce qu’il y ait le plus d’art possible. Alors j’ai redoublé d’effort, je me suis pris en main, car il ne fallait pas se laisser abattre, et j’ai eu envie de faire des vidéos encore plus drôles, plus rayonnantes et qui donnent de l’espoir.
RM : Comment avez-vous fait pour vous maintenir en forme pendant cette période ?
FA : Laisser son corps au repos les deux premières semaines, cela fait du bien. J’ai regardé les vidéos de David Goggins, un Navy seal brillantissime qui a une vraie spiritualité. Je me suis mis à faire beaucoup plus de sport, de renforcement, en inversant les ratios avec la danse. Je me suis mis à courir alors que je déteste cela et pendant ce temps, je m’analysais. Aujourd’hui, je cours 10 km et cela se passe bien. C’est quelque chose de l’ordre de la récurrence, de l’entraînement. Alejandro Jodorowsky, réalisateur dont je suis fan, m’a aussi beaucoup inspiré, ainsi que des conversations avec un ami au Vénézuela. J’avais l’impression d’avoir accès à mon inconscient, et de libérer l’enfant qui était en moi, et de me réconcilier avec lui, surtout par rapport à l’époque où je me « flagellais » pas mal.
RM : Comment s’est construit le projet du spectacle François Alu, complètement jeté ?
FA : Samuel Murez a écrit des textes de son côté, moi aussi, depuis 2018. Nous avons beaucoup jeté, puis nous avons réécrit de nouveaux textes, et lancé le projet de François Alu, complètement jeté en mai-juin 2020. Tout seul, jamais je n’aurais pu faire ce spectacle. Samuel, très créatif et une machine de travail, est le parfait associé. Nous nous complétons bien, et en même temps nous avons une vision de l’art relativement similaire et un peu le même humour.
« Complètement jeté est un spectacle à 150% : 80% de danse et 70% de théâtre. »
RM : Quelle est la part entre la danse et le théâtre ?
FA : Quand je fais du théâtre, je danse aussi. Je parle pas mal, mais je danse beaucoup.
C’est un spectacle à 150 % : 80 % de danse et 70 % de théâtre. Je vois cela comme une collaboration à deux, avec pas mal d’improvisation à l’intérieur. C’est l’avantage d’avoir créé un cadre, une histoire, avec des textes ciselés, mais à certains moment aussi, un peu de liberté. Parfois, quand j’improvise, on retravaille les idées qui ont surgi sur scène. De toute façon, nous sommes tous les deux des boulimiques curieux, artistiques et on aime quand cela bouillonne !
RM : Quelles sont vos inspirations chorégraphiques ?
FA : Il y a en a beaucoup car je fais du classique, du hip hop, du contemporain, quelques pas de Krump et j’incarne aussi des animaux. C’est un mélange de plein de choses, mais n’y a aucune imitation de personnes. On ne vise personne, mais on s’inspire de toutes les personnes que l’on a côtoyées ou que l’on voit à la télé, qui figurent dans la vie de tous les jours. Certains personnages du spectacle sont nés comme cela, de nos observations du quotidien.
RM : Quels sont les chorégraphes avec lesquels vous aimez le plus travailler ?
FA : William Forsythe et Crystal Pite sont les deux personnes avec lesquelles j’aime le plus travailler, car ils sont à la fois très stimulants, très cadrés et très musicaux aussi. Leurs choix musicaux et de lumières sont aussi très bien pensés. C’est ciselé, il y a une structure, mais cela laisse de la place pour l’interprète. J’ai travaillé une fois aussi avec Ivan Perez pour The Male Dancer, qui laisse de la liberté tout en ayant sa vision et sa gestuelle. Je me suis retrouvé à faire du contemporain avec beaucoup de lâché, de rondes, alors que je ne danse pas du tout comme cela. Mais il est tellement bienveillant et cohérent, que je me suis laissé aller à la proposition. Ce sont des hommes habillés en robes, des costumes dessinées par Palomo Spain. J’ai adoré travailler avec lui, c’était une expérience marquante et un moment humain très agréable en tant que danseur.
« Il y a un côté « ego trip » quand on joue Solor, on est tout puissant et hyper bien sapé, mais je ne me verrais pas faire cela toute ma vie. »
RM : Quels sont les rôles que vous avez aimé danser ?
FA : J’avais beaucoup aimé danser La Bayadère, un rôle techniquement intéressant, car il y a de la matière, et j’aime aussi beaucoup les échanges avec les partenaires. Il y a un côté « ego trip » quand on joue Solor, on est tout puissant et hyper bien sapé, mais je ne me verrais pas faire cela toute ma vie. Les princes dans le ballet du répertoire, c’est un peu « je suis le super héros, tout le monde est à mes pieds ». Quand j’ai joué Lescaut, dans L’Histoire de Manon, c’est juste extraordinaire. Il a un côté roublard, au début tout le monde le déteste et le repousse, mais après il s’est tué… Jouer la mort, c’est extraordinaire. Il n’y a pas beaucoup de ballets où on joue la mort, à part L’Histoire de Manon et Eugène Onéguine. On se rapproche alors de l’univers du film et du théâtre. J’étais aux anges, il y a une vraie modernité et c’est vraiment jubilatoire. Lescaut est un des rôles que j’ai préféré jouer dans les ballets du répertoire.
Au Ballet de l’Opéra de Paris, on est plutôt réputés pour avoir un travail de bas de jambe extrêmement ciselé, avec une vraie précision et une vraie rigueur et un corps de ballet qui est vraiment extraordinaire, où tout le monde est très ensemble, cela ne dépasse pas et est très carré. Avec le temps, il y a de plus en plus de danseurs qui sont capables de faire à la fois du classique et du contemporain.
J’ai une fascination sans borne pour les membres du corps de ballet et notamment pour les filles qui peuvent danser 30 fois Le Lac des Cygnes et tenir les quatre actes, alors que les garçons terminent un acte plus tôt que toutes les filles, tous les soirs. Parfois certaines pleurent, mais elles tiennent, et je leur tire mon chapeau car il y a vraiment en elles quelque chose de la dévotion pour l’art et de l’abnégation. Les danseurs hommes doivent utiliser les cuisses, les néophytes ne le savent pas, mais la danse classique, c’est très athlétique, cela fait mal ! Quand c’est bien fait, et que l’on donne tout, à la fin d’un spectacle on est vidé….
« Cela fait 20 ans que je m’accroche à la barre. »
RM : Quel type d’entraînement physique avez-vous adopté ? La classe quotidienne n’était-elle plus suffisante ?
FA : Je fais cela depuis tellement d’années ! Cela fait 20 ans que je m’accroche à la barre. J’avais 6 ou 7 ans pour mes premières barres classiques. J’ai le choix aujourd’hui, je suis plus dans l’entreprenariat, alors j’entreprends aussi ma façon de m’entraîner. On s’en fiche de mon entraînement, ce qui compte, c’est le résultat en scène. La danse est tellement ancrée dans mon corps. Ce dont j’ai besoin, c’est d’être dans une très bonne condition physique au niveau du cœur, alors je fais du gainage, du fractionné (HIT), des squats, des étirements, et je continue à faire des pliés, des relevés et à tirer les pieds, sauf que maintenant je suis en parallèle avec mes baskets et je saute. C’est une méthode un peu alternative, mais qui fonctionne bien.
Je fais parfois du yoga le soir, cela m’aide à m’endormir, à me concentrer et cela assouplit aussi beaucoup. Je suis 100 % fervent de toutes les techniques et je ne suis pas fermé aux autres méthodes. Chacun doit s’entraîner comme il a envie de le faire, tant qu’en scène il est le plus généreux possible. Certes, à l’Opéra, je n’étais pas toujours au cours, mais j’ai une méthode de travail qui m’est propre et je m’entraîne aussi ailleurs.
Pour l’entraînement, il y a plusieurs types de profil. Certains danseurs, pour lesquels j’ai une grande admiration, sont totalement passionnés par le classique, perfectionnistes et toujours prêts à affiner le moindre détail. Je suis aussi très perfectionniste, mais ma curiosité a pris le pas. J’ai envie de repousser toutes mes limites, mentales, physiques, émotionnelles et d’explorer d’autres champs…
RM : Vous avez pris un congé de six mois de l’Opéra de Paris, comment envisagez-vous la suite ?
FA : Jusqu’en décembre, je n’y suis plus. Je suis en train d’attaquer une nouvelle vie et après, on verra ce qui se passera. Je reviendrai peut-être à l’Opéra ensuite. Mais les choses vont tellement vite, que je préfère ne pas faire trop de projections (ndlr: entretien réalisé le 22 septembre 2021). Je suis en paix avec l’Opéra de Paris et j’envoie mes meilleures ondes à tous les danseurs quand je passe devant et je me ferai une joie de retourner les voir pour partager cette magie du spectacle.
RM : Quel est l’objet de la société de production que vous avez créée ?
FA : Mon assistant Julien Chapreau m’aide à gérer tous les plannings et les mails pour ma société et je travaille beaucoup avec 3ème étage, avec laquelle je joue dans le spectacle Dérèglement. Je fais un duo-solo (Devil Thrill) qui ressemble un peu à La jeune femme et la mort. Je danse une partie du seul en scène (Le substantif) et un Don Quichotte. C’est un programme plutôt léger ! Cela fait 17 ans que je danse Don Quichotte, c’est tellement ancré dans mon corps. Cela demande une condition physique, mais comme mon cœur bat très bien et que mes quadriceps, mes ischio-jambiers, mes lombaires, mes dorsaux, mes abdominaux répondent très bien, il suffit de se rappeler les pas et c’est reparti !
Mon coach, c’est ma caméra, je me filme beaucoup et je me corrige. Parfois, avant mes grands ballets en 3 actes, je demandais à Samuel Murez de venir jeter un œil pour être sûr de bien avoir une danse avec des ports de bras pas trop académiques, mais une danse fluide, avec une touche originale. Florence Clerc, avec qui j’ai beaucoup travaillé, immense danseuse étoile, me laissait beaucoup de liberté et n’essayait pas de me mater mais de faire en sorte que le spectacle soit génial. Quand on me force à faire une chose et qu’il n’y a pas de raison derrière, cela ne marche pas. Je suis incapable de faire cela et je n’ai aucunement envie de changer là-dessus.
RM : Y a-t-il des chorégraphes avec lesquels vous aimeriez travailler ?
FA : Non, pour être très honnête, j’ai plutôt envie de créer. Il y a plein de chorégraphes que j’aime, dont j’aime découvrir les spectacles et avec lesquels j’aimerais travailler. Aujourd’hui, j’ai une vision entrepreneuriale, j’ai hâte de pouvoir entreprendre, de créer des projets avec d’autres danseurs. j’ai plutôt envie de créer et de mettre en scène, plutôt que d’être dirigé et d’être mis en scène.
Pour moi, on doit gérer aussi l’expérience du spectateur : le texte entremêlé à la chorégraphie, à la mise en scène, tout est intriqué. Pour moi, ce qui est intéressant (c’est l’avantage de produire), c’est que d’un coup on voit tous les rouages, y compris dans les coûts de production, ce qui conduit à faire des choix. Dans la contrainte naît encore plus de créativité, et j’aime beaucoup cela. Un jour, j’adorerais avoir un budget illimité pour faire quelque chose de complètement délirant, mais nous n’y sommes pas encore….
Pour toucher un vaste public, on peut passer à la télévision, utiliser les réseaux sociaux qui sont très puissants. Je ne ferme pas la porte à la cession, mais l’auto-production est quelque chose qui me plait beaucoup. On est pleinement responsable, ce qui est beaucoup plus fatigant, car il faut tout gérer. Si cela s’est mal passé, c’est de notre faute, mais si cela s’est bien passé, c’est grâce à nous. Même dans la vie, c’est une façon de voir les choses.
RM : Pourquoi vous êtes-vous lancé dans l’entrepreneuriat ?
FA : Entreprendre, c’est presque une philosophie de vie et c’est comme cela que j’ai fait du coaching en entreprise, pour lequel j’ai été approché. J’ai travaillé pour un cabinet d’architecte, pour Décathlon et le Boston Consulting Group et des conférences pour les Napoléons. J’adore le fait que l’on ne vienne pas du même univers ! J’aime beaucoup le côté transgressif, mais pas anarchique – le chaos organisé. Pour transgresser, il faut qu’il y ait un cadre. Je vais dans des entreprises où les employés sont surperformants, très intelligents, et pour moi c’est un saut dans le vide. Je vais leur transmettre ma vision de la vie, qui est tellement opposée à ce que eux pensent que certains en sont choqués. Je me suis aperçu que l’on avait beaucoup de biais cognitifs et que l’on se mettait des limites, même à ce très haut niveau. Dans la vie tout est gouverné par des choses qui nous échappent complètement et que l’on ne maîtrise pas, et la crise sanitaire en est l’illustration, car nous n’aurions jamais imaginé il y a deux ans être complètement enfermés et empêchés de voyager.
RM : De quoi le spectateur a-t-il envie maintenant, selon vous ?
FA : Aujourd’hui, les gens ont envie de rire, de se divertir et de voyager. Je me vois comme un portail qui transforme la musique en mouvement, ou la musique en mots, ou comme créateur de musique aussi quelque part. « On est là pour transformer l’impalpable en quelque chose de concret« , comme le dit Jodorowsky. Cela nécessite de faire appel à son inconscient et à son instinct. C’est un langage que je parle mieux que le langage tangible. Tout est en mouvement permanent et en perpétuelle évolution et que rien n’est à un instant T. Le temps est un concept humain, c’est la partie organisée du chaos. « Rien n’est amené à survivre, mais tout est amené à se transformer« , comme dit Lavoisier.
« J’ai accepté de devenir juré de Danse avec les stars pour transformer les téléspectateurs en spectateurs et conquérir un nouveau public. »
RM : La notoriété est-elle un booster ou un frein ?
FA : Une des raisons pour lesquelles j’ai accepté Danse avec les stars, c’était d’amener la danse hors des sentiers battus des théâtres pour aller convertir de nouveaux adeptes, transformer les téléspectateurs en spectateurs et conquérir un nouveau public. Mon objectif, c’est que tout le monde vienne voir le spectacle, toutes les classes sociales, tous les corps de métier : qu’un avocat, un maçon, un médecin et un trompettiste soient assis à côté les uns des autres. Un spectacle est aussi un bon prétexte pour que les gens renouent, se retrouvent en vrai, avant d’aller prendre un verre. C’est de relancer une économie générale des théâtres, des restaurants, de recréer des connexions, c’est la vie, quoi ! Il faut faire attention à ce que le numérique ne prenne pas le pas sur le spectacle vivant.
La notoriété va aider. Cela n’a pas forcément grand intérêt d’être connu, en tout cas quand on est à l’aise dans ses baskets et que l’on reçoit déjà beaucoup de chaleur humaine quand on monte sur scène. L’aspect positif de la célébrité, c’est que cela apporte un peu plus de poids et de visibilité, alors que l’on reste le même. On touche plus de monde. Mon intégrité artistique et mes valeurs globalement n’ont pas bougé, mon âme n’a pas bougé et au contraire, je reconnecte de plus en plus avec mon âme d’enfant et j’ai envie d’être pleinement libéré et de me débarrasser de certaines choses, pour devenir pleinement celui que j’ai envie de devenir.
RM : Que retirez-vous de l’expérience de juré de « Danse avec les stars » ?
FA : C’est une très belle expérience. J’aime les aventures et j’avais regardé quelques épisodes sur You Tube, parce que je n’ai pas la télé, mais je ne m’étais pas pleinement impliqué dans l’émission avant de devenir juré. Cela me contraint à la concision, en disant un maximum de choses en un minimum de temps, en étant en même temps impactant pour que les danseurs puissent s’améliorer. Transmettre notre savoir-faire en étant capable de les juger, même si c’est toujours subjectif. Il faut que ce soit télégénique, que ce soit vivant et habité. J’aime beaucoup la rencontre avec les trois autres membres du jury, avec les danseurs professionnels et les stars qui dansent avec eux et aussi l’ambiance du plateau, avec son parfum et une certaine tension. Cela me rappelle les galas de ma mère quand j’étais petit. Cela vient, l’espace d’un instant, combler une certaine satiété. C’est stimulant !
J’essaie d’apporter un regard à la fois technique et artistique. Quand la technique est là et chez certains elle l’est, c’est leur dire comment faire pour passer au stade d’après. C’est aussi un moment d’humanité, de rassemblement, de psychologie et après cela se ressent dans la danse. Chacun de ces danseurs a une histoire, c’est une vraie leçon d’humilité, d’abnégation et de résilience, un message qui fait écho à ce dont nous avons besoin aujourd’hui.
Crédits photographiques : © Julien Benhamou
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