Jean Victor Généus a défendu la cause du pays à la conférence virtuelle sur la situation générale en Haïti

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Le chancelier Généus a défendu la cause du pays à la conférence virtuelle sur la situation générale en Haïti organisée à Washington.

A l’initiative du secrétaire d’état adjoint du Bureau des affaires de l’hémisphère occidental du département d’État américain, une conférence virtuelle sur la sécurité en Haïti a été organisée, le vendredi 17 décembre, à Washington DC. Le ministre des affaires étrangères, Jean Victor Généus qui a pris part à cette activité a présenté un tableau de la situation marquée par la détérioration des conditions sécuritaires, politiques et économiques et aussi les démarches du gouvernement en vue d’apporter une solution durable à la crise dans la perspective de la réalisation des élections dans le pays.

“J’ai participé à la conférence virtuelle sur la sécurité en Haïti tenue à Washington vendredi dernier. J’ai présenté l’état actuel de la situation générale du pays. Le gouvernement s’est engagé à créer un climat sécuritaire pouvant favoriser la tenue d’élections libres et démocratiques. J’ai mis en évidence l’urgence des besoins pour un appui multiforme à la PNH de façon à freiner le phénomène de l’insécurité. Plusieurs pays participant à cette rencontre se sont engagés à apporter un support concret et immédiat à Haiti”, a déclaré le chancelier haïtien.

Sur le plan politique

À cette conférence, le ministre Généus a fait savoir qu’après plusieurs décennies d’accompagnement, la situation s’est détériorée et est devenue précaire et instable. Ce qui a des répercussions sur la politique, la sécurité et l’économique. La démocratie a reculé considérablement. Les institutions républicaines sont inopérantes ou dysfonctionnelles. Nous n’avons plus de parlement. Le système judiciaire est affaibli. Le président de la république a été assassiné et nous recherchons encore les commanditaires de cet acte odieux.

Le Premier ministre dès sa prise de fonction a indiqué clairement qu’il était impératif de trouver un accord politique avec tous les secteurs de la vie nationale autour d’un projet commun pour ramener le pays vers un fonctionnement démocratique en organisant des élections qui permettront au peuple haïtien d’élire librement des dirigeants.

Le Premier ministre a décidé de rester ouvert et disponible pour poursuivre sa démarche de la main tendue et travailler avec les compatriotes qui ne se sont pas encore engagés à ses côtés, en vue de les convaincre de la nécessité d’unir toutes les personnes de bonne volonté autour de ce projet national.

Sur le plan sécuritaire

Sur le plan sécuritaire, Jean Victor Généus a rappelé que les gangs et les hors-la-loi défient sans cesse l’autorité de l’État. Ils versent dans le terrorisme en tuant froidement des innocents pour avoir le contrôle de certains quartiers de la capitale et certaines zones du territoire. Ils kidnappent et rançonnent la population et les ressortissants étrangers ne sont pas épargnés. Il y a quelques semaines, des hommes armés ont bloqué le principal terminal pétrolier du pays, paralysant ainsi toutes les activités économiques et sociales pendant plus de deux semaines. Leurs actions ont littéralement coupé les quatre départements du grand sud du reste du pays. Il s’agit là d’une situation inacceptable et intenable.

La Police Nationale d’Haïti (PNH), malheureusement n’a pas été formée pour faire face aux types d’attaques que nous constatons ces temps-ci en Haïti. Dans beaucoup de cas les membres de gangs sont mieux armés que la PNH et disposent d’une puissance de feu souvent supérieure.
Pour contrer les gangs et les éradiquer complètement dans un délai raisonnable, la PNH a besoin d’être renforcée, d’être mieux armée et équipée. Elle a surtout besoin de formation et d’entrainement sur le terrain pour éliminer la menace des gangs.

“Le gouvernement ne demande pas à ses partenaires de venir faire le boulot à la place de la PNH. Si on emprunte cette voie, la solution ne serait pas pérenne, parce que les problèmes recommenceront peu de temps après la fin d’une quelconque intervention extérieure. La PNH dispose d’un personnel capable de remplir ses missions, moyennant un accompagnement et des moyens appropriés et suffisants. Le gouvernement haïtien veut saisir l’opportunité qui lui est offerte aujourd’hui pour inviter ses partenaires à analyser sans complaisance, les raisons de l’échec des efforts considérables consentis pendant toutes ces années. Les haïtiens ont certainement leur part de responsabilité”, a-t-il ajouté.

Depuis l’avènement du gouvernement actuel, le Premier ministre Ariel Henry a dit et répété que le pouvoir n’entretient aucun rapport avec des gangs et ne leur fournit ni armements, ni munitions, ni financement. Bien au contraire, il est déterminé à les combattre jusqu’au dernier et à les traduire en justice. Plusieurs pays ont décidé de ne pas donner accès à la PNH à certains matériels indispensables pour triompher dans ce genre de combat. C’est leur choix et nous le respectons. Mais il faut bien admettre que l’on ne peut pas s’attendre à ce que la PNH ait des succès significatifs, si elle demeure sous-équipée, sous-entraînée et ne dispose pas des équipements indispensables.

Le gouvernement a déjà fait savoir à plusieurs des participants que la PNH veut créer une Task Force de 500 à 600 hommes triés sur le volet, tirés des corps spécialisés qui ont déjà une formation de base assez poussée, mais ont besoin d’un entraînement supplémentaire de courte durée avec un accompagnement sur le terrain, d’armements appropriés, d’équipements de protection et de surveillance et j’en passe. Nous attendons encore la concrétisation de certaines promesses, mais le temps joue contre nous parce que les gangs deviennent de plus en plus hardis et cruels.

Sur le plan économique

Le chancelier haïtien a souligné que l’instabilité chronique et l’insécurité ont des conséquences désastreuses sur l’économie du pays qui n’allait déjà pas très bien. Un tel contexte n’est pas favorable pour attirer les investissements importants dont le pays a besoin pour relancer son économie, créer les emplois durables et bien rémunérés susceptibles de maintenir nos jeunes au pays et de les détourner de la tentation de l’émigration clandestine et illégale.

Par ailleurs, il faut noter que pour créer et maintenir un climat sécuritaire à travers le pays et surtout dans les quartiers difficiles dits de non droit, la répression et les opérations policières sont nécessaires mais pas suffisantes. Depuis quelques temps, l’État est absent de plusieurs quartiers et n’offrent plus aucun service à la population. Les écoles ne fonctionnement pas, plusieurs commissariats de polices ont dû être abandonnés par la PNH. La population est livrée à elle-même et vit dans des conditions infrahumaines.

Il est indispensable, a-t-il poursuivi, qu’après la reprise en main de la situation par la PNH, que l’État mobilise des moyens substantiels pour recommencer à fournir les services de base. Il faudra également encourager des investisseurs à réimplanter leurs entreprises dans ces zones et à offrir des opportunités aux habitants de ces quartiers, dans le but de soustraire les jeunes désœuvrés à la tentation de rejoindre les gangs armés.

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