“Lamb” : quand le maniérisme d’auteur prétend à l’originalité
Il est étonnant de voire à quel point certains prix délivrés en festival peuvent agir en trompe-l’œil, si ce n’est contredire l’œuvre qui en est récipiendaire.
Le prix de l’originalité reçu par Lamb en section Un certain regard au dernier Festival de Cannes ne déroge pas à cette tendance. Si l’on perçoit très bien le cheminement entrepris par le jury afin d’attribuer un tel qualificatif au premier film de Valdimar Jóhannsson, celui-ci nous semble répondre à une définition superficielle du terme.
Des tics d’auteur
Responsable des effets spéciaux de plusieurs colosses hollywoodiens (Prometheus, Rogue One), la trajectoire professionnelle de Valdimar Jóhannsson influe immédiatement sur son premier long-métrage en tant que réalisateur. C’est peut-être la seule réussite incontestable de Lamb : un effet visuel, que l’on ne révèlera pas ici, impressionnant de maîtrise technique et saisissant dans ce qu’il produit chez de son spectateur (un mélange de mignonnerie, de rire grinçant et d’effroi).
Du reste, le film de Jóhannsson n’invente pas grand-chose. S’il aurait pu s’inscrire dans le revival d’un certain cinéma d’horreur folklorique (The Witch de Robert Eggers, Midsommar d’Ari Aster), le film épouse davantage les codes esthétiques d’un cinéma d’auteur européen particulièrement influent en festival (on pense à Lanthimos et Mundruczó), où l’image en papier glacé surjoue une rigidité formelle.
La surabondance allégorique du récit condamne ses personnages à un jeu de plateau et leur destinée à celle de pions déplacés d’une main sentencieuse. Demeurent in fine des tics d’auteur en vogue, mais certainement pas ce que l’on appelle l’originalité.