Après la mort de deux personnes tuées lors d’une attaque revendiquée par les rebelles houthistes dans le royaume saoudien, l’Arabie saoudite a annoncé, samedi 25 décembre, qu’elle allait lancer une opération militaire « à grande échelle » au Yémen.
« Un projectile est tombé sur un bâtiment commercial, faisant deux morts, un Saoudien et un résident yéménite. Il a blessé sept civils, dont six Saoudiens et un résident bangladais », a précisé un communiqué officiel saoudien. Les houthistes ont précisé dans un communiqué avoir lancé trois missiles balistiques. Yahya Sare’e, leur porte-parole militaire, a menacé dans un communiqué le royaume saoudien d’« opérations douloureuses » s’il poursuivait « son agression et ses crimes ».
Riyad intervient au Yémen depuis 2015 à la tête d’une coalition pour appuyer les forces gouvernementales, en guerre depuis sept ans contre les rebelles houthistes. Ces derniers, proches de l’Iran, frappent souvent le territoire saoudien depuis le Yémen. Si les rebelles yéménites lancent régulièrement des missiles et des drones en Arabie saoudite voisine, ciblant ses aéroports et des infrastructures pétrolières, il s’agit de la première attaque mortelle touchant le royaume depuis 2018.
En représailles, Riyad a mené une série de bombardements au nord-ouest de la capitale yéménite, Sanaa, tenue par les rebelles. Trois personnes ont été tuées et six autres ont été blessées, selon des médecins yéménites.
Attaques de drones, frappes aériennes
Ces derniers temps, les combats se sont intensifiés, avec des frappes aériennes saoudiennes sur Sanaa, en raison desquelles l’aéroport de la capitale, sous blocus saoudien depuis 2016, ne peut plus accueillir depuis mardi les avions d’organisations humanitaires et de l’ONU. Riyad dit riposter à des attaques de drones fomentées depuis cet aéroport.
Depuis la prise de Sanaa en 2014, les houthistes se sont emparés de la majeure partie du nord du Yémen, en dépit de l’intervention saoudienne. Jeudi, la coalition, qui avait visé la veille un camp militaire des houthistes à Sanaa, a déclaré avoir détruit un drone piégé visant l’aéroport d’Abha, dans le sud de l’Arabie saoudite, sans faire de victime.
Le même jour, la marine américaine a annoncé la saisie de 1 400 fusils d’assaut AK-47 et de munitions sur un bateau de pêche parti selon elle d’Iran à destination des rebelles yéménites. Téhéran reconnaît son soutien politique aux rebelles mais dément leur fournir des armes.
Plus de 370 000 morts
Le pape François, lors de son traditionnel tour d’horizon des conflits de la planète à l’occasion de son message de Noël, a rappelé les « tragédies immenses » et « oubliées » au Yémen et en Syrie. « Nous entendons le cri des enfants s’élever du Yémen, où une terrible tragédie, oubliée de tout le monde, se déroule en silence depuis des années, faisant des morts chaque jour », a déclaré le pontife depuis la place Saint-Pierre de Rome.
Selon l’ONU, la guerre au Yémen a causé la mort de 377 000 personnes, dont plus de la moitié due aux conséquences indirectes du conflit, notamment le manque d’eau potable, la faim et les maladies. Un enfant yéménite de moins de 5 ans meurt toutes les neuf minutes en raison du conflit.
Mercredi, l’ONU s’est dite « contrainte » de réduire l’aide alimentaire au Yémen faute de fonds nécessaires, au moment où la faim augmente. Le pays est ravagé par l’une des pires crises humanitaires au monde, environ 80 % des plus de 30 millions d’habitants du Yémen dépendent de l’aide internationale.
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