“Le Test”, une plutôt bonne comédie pavillonnaire à la française
Une comédie française totalement dans les clous du genre, mais qui parvient à lui insuffler un semblant de vie.
D’abord, évidemment, il y a l’impression d’avoir déjà vu ça trente-six mille fois, ou plutôt d’avoir échappé à la plupart, mais de se le faire tout de même proposer environ tous les mois par les devantures des cinémas. L’histoire d’une famille française pavillonnaire, blanche évidemment, classe moyenne aisée, cossue (pour éviter la déprime) mais pas nantie (pour permettre de s’identifier) avec sa panoplie d’enfants nombreux et diversifiés (un moche, un beau, un rebelle, un bébé…), ses scènes de monospace (il faut déposer le grand au piano, la petite au judo, et chouchou tu mets bien ta ceinture), et de petit-déjeuner (beaucoup, avec du retard, du chaos, du beau soleil qui fait briller le jus d’orange et des reports de point sur les photos de vacances au frigo). Et puis, pour faire mine de justifier tout ça, un quelconque problème conjugal ou parental à régler en 1 h 40.
Ensuite vient peu à peu l’impression que certes, c’est encore totalement ça (on a même cru reconnaître le même pavillon que celui de 10 jours sans maman, la version Franck Dubosc), mais que c’est un peu mieux que d’habitude, parce que Le Test se retrousse tout de même les manches afin de croquer ses personnages avec plus de subtilité que le tout-venant du genre.
Cheffe d’orchestre
Annie (Alexandra Lamy), super-maman, est le personnage central et le véritable sujet de cette histoire de test de grossesse retrouvé par hasard dans la poubelle des toilettes, qui va l’obliger à fouiller les vies personnelles de tous les membres de la maisonnée, et de découvrir peu à peu qu’elle ignorait tout de cet orchestre qu’elle croyait pourtant diriger d’une main de fer. Le film se désintéresse (ou plutôt nous pousse à nous désintéresser) de la question “qui est enceinte ?” en posant assez rapidement tous les personnages comme des coupables possibles, et s’attache plutôt à mettre en scène l’illusion de contrôle de son héroïne pour la détricoter peu à peu, avec un certain nombre de moments de comédie (scène d’intro très drôle de joute de mamans en réunion parents-profs) mais aussi, par endroits, une belle manière de prendre très au sérieux les souffrances des enfants.
Le Test ne révolutionne rien et adhère aux impondérables thématiques et stylistiques de son genre (on se serait volontiers passé de bon nombre d’effets, comme la batterie jazz incessante pour “faire swinguer”, et de quelques obligations de scénario comme ce happy end qui vient limite annuler le film), mais il faut bien reconnaître qu’Emmanuel Poulain-Arnaud, aidé bien sûr par ses interprètes et sans doute aussi par Noé Debré au scénario, arrive ici à faire respirer un produit de série et à proposer ce à quoi pourraient, devraient ressembler les trente-six mille précédents et suivants.
Le Test d’Emmanuel Poulain-Arnaud en salle le 29 décembre