Les 5 albums du 12 novembre à écouter absolument !
Avec l’immense Damon Albarn de retour en solo, la prêtresse du rock Courtney Barnett, le renouveau du rock avec Ekkstacy, la nouvelle saillie d’IDLES et les circonvolutions de Lionlimb.
Immense jour de sortie en perspective puisque la sélection hebdomadaire des Inrockuptibles accueille 3 grands disques, attendus de pied ferme. Au programme : le formidable retour en solo de Damon Albarn, 7 ans après Everyday Robots, la confirmation – s’il en fallait une – que Courtney Barnett est l’un des plus grands noms du rock contemporain ou encore la bande de Joe Talbot, IDLES, groupe qui n’a pas fini de se réinventer d’albums en albums. En plus de ces trois grands noms, s’ajoutent la bande-son hypnotique de Lionlimb et la musique futuriste d’Ekkstacy.
Damon Albarn – The Nearer The Fountain, More Pure The Stream Flow (Transgressive/PIAS)
Titre inspiré par un poème de l’Anglais John Clare (“Love and Memory”, 1829), The Nearer the Fountain, More Pure the Stream Flows demande un temps d’écoute, à l’image de son intitulé à rallonge, à mesure que chacune des onze plages s’écoule, se développe, se déploie et ondoie même. Si la voix est toujours immédiatement reconnaissable (Damon Albarn chantant mieux que jamais dans une variété prodigieuse de tonalités), le décorum instrumental réserve des surprises en cascade, des détours à foison, des circonvolutions à l’envi. Du pouvoir d’attraction des paysages islandais jusqu’à celui d’un cormoran (The Cormorant, son morceau fétiche), Damon Albarn a tiré des compositions à la fois oniriques et magnétiques, flottantes et universelles.
Par Franck Vergeade
>> Notre critique : Foisonnant, magnétique… notre coup de cœur pour le second album solo de Damon Albarn
Courtney Barnett – Things Take Time, Take Time (Marathon Artists/PIAS)
Toujours dans sa tradition de titres à rallonge, comme pour refléter son propre débit, Things Take Time, Take Time montre la jeune trentenaire sereine, maîtresse d’elle-même, remplie d’une énergie qui la fait aller de l’avant. Enregistré entre fin 2020 et début 2021, entre Sydney et Melbourne, ce disque a bénéficié d’un coup de main de sa compatriote Stella Mozgawa, fabuleuse batteuse de Warpaint, ici coproductrice et musicienne. Ensemble, elles ont peaufiné dix morceaux passionnants dès l’ouverture : avec Rae Street, premier single dévoilé en juillet, l’artiste signe un chef-d’œuvre folk rock, chanté d’une voix traînante rappelant étrangement celle d’une autre Courtney (Love). Aucun doute : on tient là l’une des rénovatrices les plus intéressantes de la scène rock d’aujourd’hui.
Par Noémie Lecoq
>> Notre critique : “Things Take Time, Take Time” : le retour en grande forme de Courtney Barnett
Ekkstacy – Negative (Mini Masters)
The Drums figure au générique du premier album d’EKKSTACY, kid élevé sous le ciel invariablement gris de Vancouver, duquel rien ne filtre, pas même un soleil d’hiver. À l’image d’un disque marqué au fer rouge par les mêmes influences pluvieuses venues du Royaume-Uni, qui planaient sur les chansons de Pierce, The Wake ou The Boo Radleys. Attention, les morceaux que renferme Negative ne sont pas pour autant à prendre à la légère : des paroles dépouillées, jonchées sur le piano cafardeux et sépulcral de in love, aux cavalcades translucides du titre d’ouverture i walk this earth all by myself, tout chez cet artiste flanqué de motifs satanistes sonne comme une vérité froide et crue, sans espoir ni lueur, sinon celle d’un néon crépitant dans le noir d’une époque qui a tué sa jeunesse depuis belle lurette.
Par François Moreau
Idles – Crawler (Partisan/PIAS)
Écouter Crawler, c’est prendre le risque de croiser un riff de guitares qui n’a pas eu le temps de refroidir depuis Ultra Mono, sorti il y a à peine un an. C’est craindre une possible redite, une énergie qui tendrait à s’essouffler, la découverte d’un groupe qui serait devenu l’antithèse de ce qu’il a été depuis ses débuts : assagi. Que nenni : Joe Talbot et ses potes turbulents ont certes pris de l’âge, et expérimenté au passage un nouveau confort de vie, mais ils conservent la même gouaille, la même rage, la même envie de dépoussiérer les codes d’un punk rock joué chez d’autres en pilotage automatique. The New Sensation, annonce le cinquième morceau de ce nouveau long format, et c’est exactement de ça qu’il s’agit ici : l’exploration de nouvelles esthétiques, l’ouverture vers de nouvelles émotions.
Par Maxime Delcourt
>> Notre critique : Sur “Crawler”, IDLES se fait moins électrique, plus éclectique et toujours rageur
Lionlimb – Spiral Groove (Bayonet/Modulor)
Écrites et composées avant la pandémie de 2020, ces dix chansons possèdent autant le sens de la concision (31 minutes) qu’une inspiration ouvragée, puisant dans un instrumentarium aussi riche qu’à l’accoutumée (piano, violoncelle, guitare slide, clavier) une variété d’arrangements imaginatifs. Et si les compositions paraissent d’une simplicité biblique (Electric, en ouverture lumineuse digne d’Elliott Smith jusque dans les intonations vocales de Stewart Bronaugh), elles renferment une indéniable force d’attraction (l’imparable single Loveland Pass). Illustré par une intrigante pochette typographique réalisée par Bronaugh lui-même, qui a profité du temps du confinement pour s’exercer au graphisme, Spiral Groove donne joliment le tournis.
Par Franck Vergeade