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Weiquan Lin via Getty Images
NFT – “Un mot compliqué pour expliquer quelque chose d’assez simple”, c’est comme cela que John Karp décrit les NFT. L’entrepreneur est l’auteur d’un livre sur le sujet et, avec Fanny Lakoubay, art-advisor spécialiste en NFT, il a accepté de partager sa vision au HuffPost sur cephénomène technologique et artistique, dont on peut se demander s’il n’est qu’une mode vouée à s’essouffler ou s’il va perdurer dans le temps.
Un NFT (pour Non Fungible Token), ou jeton non fongible, est un “titre de propriété d’un objet numérique”, explique John Karp. Celui qui possède une œuvre digitale en est donc l’entier propriétaire dès lors qu’il la possède sous la forme d’un NFT. “On peut aller la revendre où l’on veut et auprès de qui l’on veut, on peut la donner, la prêter, la mettre en hypothèque ou la détruire”, explique John Karp.
Pour Fanny Lakoubay, un jeton non fongible permet également d’apporter la notion de rareté: “Avant il n’y avait pas la possibilité de prouver la rareté d’une œuvre digitale”. Or la rareté est un élément important du marché de l’art, même si ce n’est pas le seul. Un NFT permet donc de donner de la valeur à une œuvre dématérialisée.
Une ”évolution naturelle de notre mode de vie”
Cet avènement pour les NFT n’est pas anodin, et n’est visiblement pas prêt de s’arrêter. Pour John Karp, là où, avant, les signes de richesse étaient essentiellement physiques, ils deviennent aujourd’hui virtuels, à mesure que nous devenons des ”êtres numériques”. “Dans la mesure où notre représentation en ligne est de plus en plus importante”, notamment par l’intermédiaire des réseaux sociaux, il est “normal que dans ces endroits où l’on passe du temps, on ait envie d’afficher ses signes caractéristiques, et ses signes de richesse extérieure”, nous explique l’auteur. Or les NFT peuvent être considérés comme des signes de richesse extérieure.
Et comme le mentionne Fanny Lakoubay, posséder des NFT signifie aussi bénéficier d’un certain statut. “La plupart des gens vont dire que ça ne sert à rien or c’est la même logique qu’un collectionneur qui achète un Picasso: ça donne un certain statut”. Mais cette fois-ci en ligne.
Preuve supplémentaire que le phénomène ne fait que prendre de l’ampleur, et a vocation à perdurer: Twitter expérimente la certification des NFT sur sa plateforme. Les utilisateurs qui possèdent des NFT pourront par exemple les utiliser comme photo de profil, et l’authenticité du NFT serait alors garantie par Twitter. Certains affichent d’ores et déjà leur collection numérique sur leurs réseaux et “beaucoup de gens disent que depuis que leur photo de profil est un NFT, ils ont gagné beaucoup de followers”, rapporte la conseillère.
Pour John Karp, les NFT sont “une évolution naturelle de notre mode de consommation et de notre mode de vie”. Pour lui tout est une question d’adoption, qu’il pense “massive”. Il fait le rapprochement avec Facebook: “Il y a quinze ans on disait ‘est-ce que ma grand-mère sera sur Facebook?’, et on voit bien aujourd’hui que mis à part les grands-mères, il n’y a plus personne sur Facebook”. Les NFT, qui s’adressent aujourd’hui à un public familier de l’informatique, ont donc, pour John Karp, vocation à se démocratiser.
Cette position est néanmoins nuancée par Fanny Lakoubay. Pour elle la technologie doit encore être simplifiée pour s’adapter à un public plus large. Et pour cause. Aujourd’hui pour acheter des NFT il faut convertir des euros ou des dollars, en cryptomonnaie, soit en bitcoins ou en ethereum (la monnaie utilisée en majorité pour les NFT). Une manœuvre qui n’est pas encore à la portée de tous.
Cette monnaie virtuelle est ensuite stockée dans un “wallet”, un portefeuille numérique. Tout cela nécessite des manipulations informatiques, longues et fastidieuses. “Ce n’est pas difficile, mais ça prend du temps. Certaines personnes sont prêtes, car elles ne veulent pas rater le début de quelque chose, à faire ces démarches”, nous confie l’experte, mais “pour qu’il y ait plus de gens il va falloir que ça soit plus simple, et on n’y est pas encore”.
Une technologie qui assure l’authenticité des œuvres
Les NFT portent essentiellement sur des œuvres dématérialisées, et accompagnent l’avènement d’un mouvement artistique nouveau: l’art numérique. Un domaine qui comprend de nombreux styles comme la 3D, le dessin numérique ou encore les arts programmables. “Le numérique c’est un bout de code, et dans ce bout de code, il peut y avoir tout”, indique John Karp.
Mais les NFT sont avant tout une technologie, qui, à l’avenir, pourrait s’avérer très utile. Rejoignant l’idée de la rareté énoncée par Fanny Lakoubay, John Karp nous explique que les NFT permettent “d’attester de manière sûre et certaine, de manière infalsifiable et traçable une série d’actes authentiques”, et donc un acte de propriété, ou d’authenticité. Un autre élément qui laisse penser que les NFT pourraient s’installer durablement dans notre quotidien.
Les NFT reposent en effet sur la blockchain, le “grand registre notarié d’Internet”, comme la définit John Karp, qui fonctionne comme un cadastre. Les NFT permettent d’inscrire des informations sur ce cadastre en toute sécurité. Car si aujourd’hui les certificats de propriété d’une œuvre sont en papier, les NFT pourraient les remplacer pour assurer aux acheteurs et au propriétaire l’authenticité de leurs biens. John Karp l’affirme: “On sera plus rassuré d’avoir une signature numérique 100% fiable. […] Ça offre beaucoup d’avantages en matière de sécurité, de traçabilité et d’assurance.”
À voir si en 2022, les NFT s’imposeront comme la technologie incontournable du grand public ou si leur essor restera cantonné au monde combiné de l’art et de l’informatique.
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