Les plateformes s’engagent à investir plus de 250 millions d’euros dans la création française
Plusieurs plateformes de streaming ont signé un accord avec le CSA qui va dans le sens des décrets SMAD adoptés en juin 2021, afin d’investir une partie de leur chiffre d’affaires sur le territoire français.
En juin dernier, Roselyne Bachelot-Narquin adoptait les décrets relatifs aux SMAD, les services de médias audiovisuels à la demande, qui enjoignaient les plateformes à investir une partie de leur chiffre d’affaires dans l’industrie audiovisuelle française – les SMAD les plus populaires étant Netflix, Amazon Prime Video, Apple Tv+, Disney+…
Le 9 décembre, le Conseil supérieur de l’audiovisuel, dont une des missions est de réguler l’économie du secteur audiovisuel et du cinéma, a annoncé dans un communiqué relayé par Le Film français avoir “procédé au conventionnement et à la notification des obligations des principaux SMAD”. Cet accord concerne les plateformes établies dans les pays membres de l’Union européenne, là où jusqu’à présent, seuls “les éditeurs nationaux étaient tenus de contribuer au système de financement et de la création”.
Concrètement, cette contribution au système signifie que les plateformes et services de vidéo à la demande vont devoir investir une partie de leur chiffre d’affaires dans le secteur du cinéma et de l’audiovisuel. Le montant était déjà fixé par les décrets de 2018 adoptés en juin 2021, à savoir 20 % du chiffres d’affaires. 80 % de cette somme devra être investie dans l’audiovisuel et 20 % dans le cinéma.
Des réactions diverses
Les réactions des différents SMAD sont équivoques. Selon Le Monde, Netflix s’est dit “heureux” de cet accord, rappelant qu’il correspond à “l’approche constructive et contributive” qu’ils défendent : la plateforme dit vouloir atteindre l’objectif de 40 productions françaises en 2022, contre 27 en 2021. À l’inverse, le cas de Prime Video est plus complexe, notamment parce que son chiffre d’affaires en matière de vidéo à la demande est difficile à évaluer, les abonnements Amazon fonctionnant par bouquet et incluant différents services. Finalement, le CSA a tranché et décidé d’un minimum garanti de 40 millions d’euros à investir chaque année, afin de ne pas sous-évaluer l’obligation de Prime.
Au total, le montant de l’investissement dans l’audiovisuel, c’est-à-dire 80 % des 20 % du chiffre d’affaires de tous les SMAD concernés, devrait tourner autour de 200 millions d’euros. Le montant investi dans le cinéma, correspondant à 20 % des 20 % du chiffre d’affaires, devrait atteindre les 50 millions d’euros au minimum.
Vers une mutation des secteurs de la création
Cette décision est un marqueur clé dans la mutation des secteurs de la création française : la signature de ces conventions résonne notamment avec la tribune publiée par la Société des réalisateurs de films, qui alertait le 30 novembre dernier sur la perturbation de la chronologie des médias qu’impliquait le pouvoir grandissant des plateformes, ainsi que l’absence d’encadrement légal les concernant.
L’implication économique des SMAD dans l’économie française fait partie de ce mouvement d’inclusion des nouveaux modes de création et de diffusion des œuvres, et obéit à une vision très française de la création : si les SMAD s’implantent en Europe, il faut en retour qu’ils puissent investir sur ces territoires, créant ainsi un cercle plus vertueux.