Les pneus du futur pourraient être fabriqués… en pissenlit
Des chercheurs néerlandais ont mis au point une technologie qui produira du caoutchouc à partir de ces fleurs jaunes aux aigrettes légères. Mais le constructeur allemand Continental est aussi en embuscade.
Pneus sans air, connectés, clous rétractables, roues fabriquées à base de betterave… Les chercheurs du domaine automobile et les manufacturiers ne cessent jamais d’innover, que ce soit pour améliorer les performances des véhicules ou par souci écologique. S’ils ne sont pas les tout premiers à se lancer dans ce chemin de traverse, un consortium de chercheurs néerlandais développe en ce moment un pneumatique dont le caoutchouc sera fabriqué… à partir de fleurs de pissenlit !
Cette offre alternative, qui vient de recevoir l’aval (et une subvention de plus de 500 000 €) de l’Union Européenne, aura le mérite de remplacer à la fois les caoutchoucs issus de l’hévéa (pour les modèles naturels), ou ceux provenant de l’industrie pétrochimique (pour les modèles artificiels), faisant d’une pierre deux coups.
La production habituelle de ces élastomères est une catastrophe environnementale, très coûteuse en eau et en ressources diverses. Pour les caoutchoucs naturels, dont la matière première pousse principalement en Thaïlande ou en Malaisie, sa culture amenuise et affaiblit la forêt vierge. Quant aux élastomères produits après extraction de pétrole, pas besoin de faire un dessin : ils sont mauvais pour la planète.
Les pissenlits pour le racing. Cependant, l’équipe de chercheurs néerlandais n’est pas la première à s’intéresser à la petite fleur jaune, qui contient une proportion variable de latex selon les espèces. Continental, le fameux fabricant allemand de pneus, développe lui aussi depuis quelques années la technologie Taraxgum (du nom scientifique de la fleur, Taraxacum officinale), qui utilise également du pissenlit à la place de l’hévéa dans l’élaboration des pneumatiques. Les premiers modèles ont déjà fait leur tour de piste en milieu d’année en équipant certains vélos lors de la dernière édition du Tour de France.
Raréfaction de l’hévéa et dilemmes écologiques liés à la production de pétrole devraient pousser les deux équipes à mettre la gomme en accélérant leur course effrénée pour produire un maximum de champs de pissenlit russe (le nom de l’espèce produisant la dose de latex nécessaire à la confection des pneus). Les modèles destinés aux voitures devraient arriver sur le marché dans cinq ou dix ans, côté allemand. Ce qui a poussé les Néerlandais à vouloir accélérer le processus, notamment en simplifiant l’extraction du latex. Ça roule pour le futur du pneu.