“Mettre fin au pass vaccinal”: la promesse de Panot en pleine vague épidémique passe mal
Capture Twitter
POLITIQUE – La Martinique fait partie des régions où la couverture vaccinale est la plus faible. La Martinique souffre particulièrement de la crise sanitaire, avec le seuil des 20 morts par semaine atteint. Et c’est depuis la Martinique que Mathilde Panot, présidente du groupe de la France insoumise à l’Assemblée nationale, a promis d’utiliser sa niche parlementaire pour demander la fin des restrictions sanitaires, renforcées en raison de la 5e vague.
Aux côtés de Jean-Luc Mélenchon en déplacement dans les Antilles, la députée du Val-de-Marne s’est également exprimée au Lamentin lors du meeting du candidat insoumis à la présidentielle. “Au pouvoir, je le dis ici devant vous: nous mettrons fin à cette politique autoritaire de santé. Et le 13 janvier, lors de notre niche parlementaire (…) nous allons présenter un texte qui demande de mettre fin au régime d’exception de santé, qui veut enlever le plein pouvoir sanitaire à Emmanuel Macron, et qui mettra fin au pass sanitaire et au pass vaccinal”, a-t-elle déclaré.
“Rien ne va”
Des propos qui, dans le contexte actuel marqué par l’irruption du variant Omicron, passent plutôt mal. Que ce soit du côté du gouvernement et de la majorité (qui essaiera au même moment de faire voter la transformation du pass sanitaire en pass vacinal), mais aussi à gauche et dans le milieu médical.
“Irresponsabilité. Démagogie. Honte”, a réagi sur Twitter Olivier Dussopt, ministre délégué aux Comptes publics. “Démagogiques et inconscients, La France insoumise, Mélenchon et Panot délivrent un discours aussi absurde que dangereux en Martinique. Ils sont la fange de toute la classe politique”, a taclé Alexandre Freschi, député LREM du Lot-et-Garonne, rejoint dans sa critique par Yaël Braun-Pivet, députée des Yvelines.
“Rien ne va. Ni la sémantique ‘pleins pouvoirs sanitaires’, ni le lieu, les Antilles où le taux de vaccination est si faible, ni le fond du propos en pleine 5e vague et avant Omicron”, a grincé le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, qui ajoute: “les soignants apprécieront… on ne défend pas le service public en accablant ses serviteurs”. Même appréciation du côté du sénateur socialiste Rachid Temal. “Certains font le choix du populisme plutôt que de porter une politique de santé responsable pour les Français et pour le service public de la santé ainsi que les personnels qui ne comptent pas leurs heures. C’est honteux et à vomir”, s’est-il indigné.
À noter que la sortie de Mathilde Panot fait également réagir le monde médical. Nathan Peiffer-Smadja, infectiologue à l’hôpital Bichat particulièrement investi dans la vulgarisation médiatique liée la pandémie, a directement interpellé la députée. “Nous avions échangé sur LCP et étions plutôt d’accord. Je ne comprends pas l’idée derrière l’abolition du pass vaccinal. Laisser le virus courir? Ce serait des morts et des morts, du Covid, et des autres pathologies que nous ne pourrions plus prendre en charge”, a-t-il réagi.
Mme Panot nous avions échangé sur @LCP et étions plutôt d’accord. Je ne comprends pas l’idée derrière l’abolition du pass vaccinal ? Laisser le virus courir ? Ce serait des morts et des morts, du COVID, et des autres pathologies que nous ne pourrions plus prendre en charge
— Nathan Peiffer-Smadja (@nathanpsmad) December 18, 2021
“L’opportunisme c’est pas une nouveauté. Là c’est à chialer”, a pour sa part réagi Mathias Wargon, chef des urgences de l’hôpital Delafontaine en Seine-Saint-Denis. À l’inverse, Mathilde Panot a trouvé une oreille attentive auprès des “antivax” qui, à l’image du (très) controversé avocat Fabrice Di Vizio, la remercient pour ce discours. De quoi, peut être, lui mettre la puce à l’oreille.
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