“Michael Cimino, un mirage américain” : voyage au bout du mythe
Dans ce nouveau documentaire, Jean-Baptiste Thoret continue son exploration du Nouvel Hollywood avec la figure du tourmenté Michael Cimino.
Après We Blew It (2017), Jean-Baptiste Thoret revient aujourd’hui avec un nouvel essai documentaire cinéphile, Michael Cimino, un mirage américain. On y retrouve la même obsession du Nouvel Hollywood, mais cette fois, c’est l’auteur de La Porte du Paradis et de L’Année du Dragon qui en est le centre et le fil conducteur.
Thoret commence son voyage à Mingo Junction, toute petite ville de l’Ohio où a été tournée une partie de Voyage au bout de l’enfer. C’est l’occasion de constater à quel point le tournage de ce film-phare de l’histoire du cinéma américain a marqué les habitants, mais aussi l’écart presque abyssal entre la vitalité, à l’époque, de cette bourgade marquée par la sidérurgie et son déclin aujourd’hui.
L’homme aux deux visages
Ainsi démarre un voyage dans le monde de Michael Cimino, cinéaste épique et violent, en partie détruit par Hollywood mais également par ses rêves de grandeur. Un voyage qui prend la forme d’un requiem pour une Amérique et un cinéma disparus. Un voyage où l’on peut croiser Quentin Tarantino, fin connaisseur des films de Cimino, mais aussi et surtout, deux personnages qui se livrent à une sorte de ping-pong dialectique, James Toback et Oliver Stone.
Le premier, scénariste et réalisateur, fait preuve d’une certaine empathie envers la figure de Michael Cimino et le dépeint comme un génial inadapté brisé par l’échec monumental de La Porte du paradis. Le second, qui fut coscénariste de L’Année du Dragon, se montre plus critique envers Cimino, mettant peu à peu l’accent sur le potentiel d’auto-destruction du personnage.
Quête d’un idéal
Entre ces deux pôles, Jean-Baptiste Thoret slalome élégamment, parcourant simultanément l’Amérique et la courte filmographie de Cimino (seulement sept longs-métrages). Comme dans We Blew It, Thoret témoigne de son amour du paysage américain qu’il filme en longs travellings, pendant lesquels résonne la voix de Cimino. Ses propos avaient été recueillis par Thoret, au début des années 2010, au cours d’un voyage dont le parcours avait été spécialement concocté par le cinéaste américain pour le cinéphile français. Un voyage initiatique dont Thoret reparcourt les étapes tout au long de Michael Cimino, un mirage américain.
L’ensemble est à la fois passionnant et funèbre, habité par les fantômes d’un idéal fordien (Ford était le modèle de Cimino). Un idéal dont Thoret sait qu’il appartient au registre du mythe mais qu’il se plaît à poursuivre à l’intérieur d’une quête dont la beauté réside justement dans sa vanité et sa mélancolie.
Michael Cimino, un mirage américain de Jean-Baptiste Thoret, en salles le 19 janvier.