Tribune. Du samedi 11 au mardi 14 décembre, Éric Zemmour, candidat à l’élection présidentielle française, est en Arménie. Il est l’auteur du Premier sexe (Denoël 2006), sur la dévirilisation de la société, du Suicide français (Albin Michel. 2014, dans lequel il cherche notamment à réhabiliter le maréchal Pétain, ou encore du Destin français (Albin Michel 2018), où il défend la thèse de l’invasion de la France par les immigrés. Pour justifier son racisme et sa xénophobie, Éric Zemmour n’hésite pas à déformer l’histoire, insinuant que les nazis n’ont jamais été aussi intolérants que les musulmans ; il défend l’héritage du maréchal Pétain qui aurait « sauvé des juifs français » – omettant le fait que de nombreux juifs ont été déchus de leur nationalité française avant d’être envoyés dans les camps.
<p class="article__paragraph ">Sa théorie des races crée une hiérarchisation entre ce qu’il considère être les bons<em> </em>et les mauvais<em> </em>immigrés. Les Arméniens semblent trouver grâce à ses yeux : deux Arméniens, Charles Aznavour et Henri Verneuil, sont cités dans son discours annonçant sa candidature, des Arméniens sont proches de son équipe de campagne, et il a, pendant la guerre, pris publiquement parti pour l’Arménie… Mais qu’en est-il vraiment ?</p> <p class="article__paragraph ">Lors de l’adoption en France de la loi pénalisant la négation des génocides, dont le génocide des Arméniens, à cause de laquelle Erdoğan avait menacé la France de représailles diplomatiques, Zemmour avait adopté une position résolument pro-turque, en assimilant de telle loi à une <em>« obsession mémorielle »</em>. N’a-t-il pas comparé cette loi mémorielle à une logique de l’inquisition<em> </em>faisant des victimes du génocide, les bourreaux de leurs propres bourreaux ? Selon lui, la lutte contre le négationnisme serait purement <em>« électoraliste »</em> et <em>« dangereuse pour la liberté d’expression »</em>.</p> <h2 class="article__sub-title">Obtenir la voix des Arméniens de France</h2> <p class="article__paragraph ">Alors pourquoi Éric Zemmour, hostile à la pénalisation de la négation du génocide des Arméniens, des Grecs pontiques et des Assyriens, fait-il son premier déplacement en tant que candidat à Erevan ? Pour obtenir, sans doute, les voix des Arméniens de France, comme cherchera bientôt à le faire d’ailleurs une autre candidate de la droite, Valérie Pécresse, qui prévoit elle aussi un premier déplacement, très prochain, en Arménie.</p> <p class="article__paragraph ">Éric Zemmour ne vient pas en Arménie pour parler aux Arméniens. Il vient dans le but de recueillir les bulletins de votes de certains Arméniens de France qui, après la guerre du Haut Karabagh, déclenchée par l’Azerbaidjan, satellite de la Turquie, en 2020, doivent faire face à leurs propres haines. Ils entendent dans le discours du candidat une réponse qui pourrait paraître réconfortante, à un appel à l’aide formulé à maintes reprises auprès d’une communauté internationale qui n’est jamais intervenue. Ce faisant, Eric Zemmour instrumentalise la cause des Chrétiens d’Orient devenue une chasse gardée de l’extrême droite, alors même que cette extrême droite ne voit en ces Chrétiens qu’un moyen de justifier son islamophobie.</p> <p><strong>Il vous reste 47.18% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.</strong></p>
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