Pourquoi les avions électriques ne seront pas viables selon Vaclav Smil, le penseur de l’énergie
Vaclav Smil, un chercheur et analyste politique canadien, est l’un des universitaires les plus influents sur les questions de l’énergie. Ce professeur de 78 ans a écrit des dizaines de livres qui ont permis de changer la compréhension de problématiques planétaires de l’énergie, abordant des sujets très divers et variés.
Il a notamment écrit « Prime Movers of Globalization: The History and Impact of Diesel Engines and Gas Turbines The MIT Press Cambridge », « Energy and Civilization » et plus récemment « Numbers Don’t Lie ».
Et récemment, dans un article pour IEEE Spectrum, il a analysé les chiffres des avions électriques et conclut qu’ils ne seront pas viables. « Le problème est beaucoup plus fondamental », écrit-il. L’aviation est une entreprise géante, et la plus grande partie se trouve dans des avions beaucoup plus gros et plus lourds.
Dans son livre sur l’énergie, Vaclav Smil a expliqué comment les améliorations de la densité énergétique, passant du bois au charbon à l’essence et au gaz naturel, ont construit le monde dans lequel nous vivons :
« Nous avons créé des sociétés qui transforment des quantités d’énergie sans précédent. Cette transformation a apporté d’énormes progrès dans la productivité agricole et les rendements des cultures ; elle a d’abord entraîné une industrialisation et une urbanisation rapides, l’expansion et l’accélération des transports, et en une croissance encore plus impressionnante de nos capacités d’information et de communication ; et tous ces développements se sont combinés pour produire de longues périodes de taux élevés de croissance économique qui ont créé une grande richesse réelle, augmenté la qualité de vie moyenne de la plupart des habitants du monde, et a finalement produit de nouvelles économies de services à haute énergie. »
Dans IEEE Spectrum, Vaclav Smil revient sur la densité énergétique et dit que les batteries n’en ont pas suffisamment.
« Les gros turboréacteurs alimentant ces avions sont alimentés par du kérosène qui fournit près de 12 000 watts-heures par kilogramme. En revanche, les meilleures batteries Li-ion d’aujourd’hui fournissent moins de 300 Wh/kg, soit 1/40e de la densité énergétique du kérosène. Même en tenant compte de l’efficacité plus élevée des moteurs électriques, les densités d’énergie effectives descendent jusqu’à environ 1/20e. »
Il note que même si la densité énergétique maximale triplait, un avion en provenance de New York ne pourrait toujours pas arriver à Tokyo.