Publié le : 03/01/2022 – 00:08
En France, une stratégie de lutte contre la déforestation importée commence à se mettre en place et le pays compte porter cette mobilisation au niveau européen. C'est une de ses priorités lors de sa présidence du Conseil européen qui a débuté le 1er janvier pour 6 mois. </p><div>
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Assise devant un ordinateur, Klervi Le Guenic, chargée du dossier forêts tropicales à l’ONG Canopée, parcourt le site internet dédié à la lutte contre la déforestation importée en France. « <em>Le soja est la première source de déforestation importée de la France et le soja qu’on importe provient en majorité du Brésil.</em> »
En ligne depuis fin novembre, un formulaire permet de visualiser ces importations de soja brésilien en France, et destinées à l’alimentation animale. Grâce à des données satellites et douanières, le risque de déforestation apparaît en fonction du lieu et de la date des plantations, du producteur ou du port de départ des marchandises.
« L’élément-clé c’est ces petits diagrammes qui permettent de classer les principaux exportateurs et importateurs, et de pouvoir voir – en vert –, la partie de leur approvisionnement qui est à faible risque de déforestation, et la partie qui est à haut risque de déforestation. »
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Des pratiques vertueuses attendues par les consommateurs
Cet outil est destiné aux entreprises françaises sur la base du volontariat. Si l’expérience fonctionne, elle pourrait être étendue à d’autres pays que le Brésil et pour d’autres marchandises : cacao, café, bœuf, huile de palme par exemple.
Plusieurs grands groupes comme Auchan, Lidl, ou Herta se sont engagés à l’utiliser. C’est aussi le cas de Carrefour. Agathe Grossmith y est directrice de projet : « Nous, notre objectif, c’est que sur 100 % de ces matières premières sensibles, on ait une solution qui nous permette de garantir l’absence de déforestation. C’est clairement attendu par nos clients. Notre pari, puisque c’est quelque chose qui est unique qui n’a pas encore été fait à travers le monde, c’est de dire que tout le marché va avoir les mêmes règles du jeu et progressivement, ça va inciter les acheteurs à choisir là où il y a moins de risque et aussi aux fabricants à progressivement avoir des pratiques plus vertueuses », explique-t-elle.
Pour un cadre européen commun
Mais pour que cela fonctionne, il faudrait que tout le marché s’engage. Bérangère Abba, secrétaire d’État chargée de la Biodiversité explique que la France veut mener cette lutte au niveau européen.
« Il nous faut absolument aujourd’hui un dispositif qui soit le même pour tous avec une définition commune des produits, de ce qu’est la déforestation et aussi un cadre contraignant pour qu’à l’échelle du marché communautaire on ait tous les mêmes critères, qu’il n’y ait pas de concurrence entre les différents pays de l’Union. Ce dispositif est sur la table et nous allons avoir à le négocier pendant la présidence française de l’Union européenne pour aboutir, on l’espère, à ce cadre qui serait posé au niveau européen », déclare la secrétaire d’État.
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Et si les ONG de protection de l’environnement sont plutôt satisfaites, elles réclament tout de même que le texte final inclue la liste complète des produits qui participent à la destruction de l’environnement à l’étranger dans les forêts, mais aussi les savanes, les prairies ou les zones humides. L’UE serait responsable de 16 % de la déforestation liée à la production agricole dans le monde, derrière la Chine (24 %) et devant l’Inde (9 %), les États-Unis (7 %), et le Japon (5 %), selon le WWF.
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