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Surcharge de travail, perte de sens, risque de burn-out : cela va mal à France Bleu, le réseau régional de Radio France qui compte 44 stations en France. C’est la conclusion d’une expertise réalisée par ISAST, un cabinet de conseil mandaté par les syndicats et dont les conclusions ont été officiellement présentées à l’occasion d’un CSE extraordinaire le 1er décembre à la présidente de Radio France, Sibyle Veil.
A la suite à un questionnaire transmis à 1 847 salariés (pigistes compris), et après une soixantaine d’entretiens individuels, le rapport des experts pointe du doigt une « surcharge de travail », cause de « nombreux dysfonctionnements ». Ainsi, « 56 % des journalistes travaillent régulièrement plus de 42 heures par semaine », dont 29 % plus de 50 heures par semaine, selon le rapport auquel Le Monde a eu accès. De même, « 54 % de l’encadrement intermédiaire travaillent régulièrement entre 42 heures et plus de 50 heures par semaine ».
Un « sentiment d’abandon »
Au cœur du problème, le nombre de missions s’est accru ces dernières années, alors qu’en même temps, les effectifs restaient stables. « Nous avons remis de l’info locale dans les journaux : on est passé d’un journal par heure à deux, mais avec le même nombre de journalistes, explique Matthieu Darriet, du SNJ. On fait aussi des articles Web en lien avec les reportages, sauf qu’on fait deux ou trois reportages par jour. »
Parmi « les éléments de constat indiscutables », le cabinet note que « l’alimentation d’Internet impacte fortement les temps de travail », alors que les « effectifs et les moyens [sont] insuffisants ». Il souligne également « des situations de travail qui pourraient s’apparenter à du harcèlement moral », et décèle un « sentiment d’abandon et de perte de sens fortement exprimé ».
Au sein de la direction de Radio France, on prend le rapport au sérieux. « France Bleu subit une crise de croissance. Jusqu’en 2018, les économies ont essentiellement porté sur le réseau. Depuis, ils ont été sanctuarisés », reconnaît un haut cadre du groupe radiophonique, qui admet que « les équipes ont réalisé les développements numériques à effectif égal ». A Radio France, on aime vanter les performances de France Bleu, la « troisième radio de France », et sa progression sur le numérique (+74 % en un an, comme le précise le rapport annuel de 2020).
En prenant connaissance de l’expertise, Sibyle Veil a demandé à sa directrice des ressources humaines de trouver au plus vite des solutions aux situations individuelles les plus problématiques. En parallèle, elle lancera « un audit organisationnel » en janvier, afin d’apporter des réponses au plus tard à la rentrée prochaine, en septembre 2022. « Faut-il de nouveaux outils informatiques, échanger plus de contenus pour soulager les salariés ? », s’interroge-t-on à la direction. Une option n’est en revanche pas envisagée : celle de recruter chez France Bleu, qui pèse un tiers des effectifs totaux du groupe. Radio France poursuit en effet le plan d’économies de 60 millions d’euros sur un budget de 660 millions d’euros à l’horizon 2022.
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