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Sexe à l’écran : comment les fictions s’affranchissent (ou non) des représentations normées et du male gaze

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Alors que le “male gaze” semble désormais naturellement dénoncé ou au moins régulièrement discuté, comment pense-t-on la représentation du cul à l’écran et comment le filme-t-on ? Et d’ailleurs, le faut-il encore ?

Alain Guiraudie filme cette scène, dans les premières minutes de Viens je t’emmène, sorti en mars dernier, entre les merveilleux·euses Jean-Charles Clichet et Noémie Lvovsky, avec une idée précise en tête : “L’enjeu, c’est d’érotiser des corps qui ne le sont généralement pas dans la représentation. J’imagine que les comédiennes de plus de 50 ans ne sont pas souvent sollicitées pour des scènes de sexe, mais les hommes de plus de 50 ans pas tellement non plus. Camper une femme ou un homme désirable quel que soit son âge est au fond un acte politique.”

Ce film est la dernière aventure en date d’une carrière de réalisateur où le sexe occupe une place centrale. Il y a neuf ans, L’Inconnu du lac du même Guiraudie enchaînait les scènes de drague et d’étreintes gays, allant plus loin que la plupart de celles et ceux qui ont tenté de filmer le cul en dehors des codes pornos. On y voyait des sexes en érection, du sperme jaillissant, on entendait d’intenses bruits de succion et de chairs qui se mêlaient. C’était frappant parce que c’était rare.

En dehors de Guiraudie, Lars von Trier (Antichrist, 2009), Catherine Breillat (Romance, 1999), Bertrand Bonello (Le Pornographe, 2001) ou encore Jean-Claude Brisseau (Choses secrètes, 2002) se sont frotté·es à la représentation du sexe dans le ”grand” cinéma. Mais aujourd’hui, la question du cul à l’écran a basculé, s’est diversifiée, devant les questionnements soulevés par le mouvement MeToo, et les contradictions des années 2020.

La représentation des fantasmes hétéros masculins, vus mille fois, cohabite avec leur remise en cause, parfois à l’intérieur du même objet

Si l’époque pousse les curseurs à fond – on n’a probablement jamais vu autant de nudité et de coïts –, elle réfléchit aux limites. La représentation des fantasmes hétéros masculins, vus mille fois, cohabite avec leur remise en cause, parfois à l’intérieur du même objet. Euphoria, la folle série de Sam Levinson, incarne ce mouvement de balancier contemporain.

Depuis ses débuts en 2019, on y voit des sexes masculins filmés frontalement, une première dans une fiction destinée à un public aussi large. Un site a comptabilisé 71 plans de pénis dans la première saison, ce qui a fait écrire à une twitteuse en pleine forme : “J’ai tellement hâte de voir toutes ces bites dans Euphoria […]. On a maté des nichons et des vagins à la télé sans raison valable depuis des décennies, alors sortez les queues !”

Les queues sont donc de sortie, mais les seins restent présents, comme l’a remarqué l’actrice Sydney Sweeney, qui y tient le rôle de Cassie. Tout en revendiquant le fait d’aimer son corps et de n’avoir aucun problème à le montrer, la jeune Américaine, souvent mise à nu, est intervenue : “Il y avait d’autres scènes où Cassie devait apparaître sans porter de haut. J’ai dit à Sam, le showrunner, que je ne croyais pas que ce soit nécessaire. Il a accepté sans problème ma demande.”

Le piège des screenshots

L’actrice a aussi réagi en regard d’une nouvelle réalité frappant celles et ceux qui apparaissent nu·es à l’écran : la diffusion incontrôlée sur les réseaux sociaux de ces moments extraits de leur contexte. Des screenshots explicites de la première saison d’Euphoria ont circulé, sur lesquels le propre frère de la comédienne était tagué. L’enjeu est donc celui de la protection de l’intimité, sur les plateaux comme en dehors.

Un contexte dans lequel le nouveau métier de coordinateur·trice d’intimité a émergé. Euphoria, diffusée sur HBO, fait appel aux services d’Amanda Blumenthal, chargée de vérifier le consentement et de chorégraphier les scènes de sexe en relation avec les comédien·nes et la réalisation. En France et plus largement en Europe, à l’exception du Royaume-Uni, le métier peine encore à se développer. Aucune des personnes à qui nous avons parlé n’en a déjà sollicité un·e.

“On voulait que le sexe existe comme ressort dramaturgique, qu’il puisse aussi faire rire.” Camille Rosset

Cocréatrice avec Élie Girard de la série Platonique, qui montre la vie sentimentale et sexuelle de deux trentenaires en coloc, Camille Rosset a malgré tout pris la question au sérieux. “Dans une série sur le couple, l’amour et donc la sexualité, on ne voulait surtout pas éclipser ces scènes, mais viser un certain réalisme. Cela naît d’un manque qu’on a en tant que spectateurs. On voulait que le sexe existe comme ressort dramaturgique, qu’il puisse aussi faire rire.”

Dès le casting, les créateur·trices se sont assuré·es que les acteurs et actrices – Camille Rutherford, Maxence Tual, Joséphine de Meaux, Vincent Heneine – soient à l’aise avec les scènes prévues au scénario, pour ne laisser aucune place à la surprise. “On s’est renseignés en téléchargeant les règlements utilisés outre-Atlantique. Notre but était que les comédiens et comédiennes ne soient pas obligés sur le moment de céder sur leur propre intimité. Tout était chorégraphié, avec un temps particulier destiné aux scènes de sexe. Ils répétaient habillés, ne s’embrassaient pas. Ensuite, des protections pour les parties intimes étaient proposées.”

https://www.youtube.com/watch?v=zLfIH_HLX1Q

Sortir de la sexualité phallocentrée

Dans le contexte français, Platonique se distingue par une certaine crudité : une masturbation contre un mur main dans la culotte, une autre, dans une salle de bains, lors d’une soirée avec du foutre par terre, une simulation masculine débusquée par la partenaire (“J’ai rien qui coule de ma chatte”) et même un cunni ensanglanté transformé en moment burlesque.

“On filme des choses qu’on n’a pas assez vues, argumente Camille Rosset. Ce qui m’a manqué en tant que spectatrice et femme grandissant devant des séries et des films, c’est de sortir de la sexualité phallocentrée et pénétrative. Souvent, on voit les femmes coucher mais rarement jouir. Ici, on y va. Pour la scène du cunnilingus, on voulait créer une situation d’intimité forte entre deux personnes qui se sont rencontrées sur Tinder.

Ils vont nettoyer le drap ensemble alors qu’ils ne se connaissent pas. Le type avait peur que sa partenaire soit blessée, mais ce n’est que du sang menstruel, une façon de dire : les règles, c’est pas grave. Au fond, nous redonnons au sexe son rôle quotidien. On a voulu filmer le cul de la même manière que des conversations.”

“Je regarde les sexes comme des mains, des visages. Je ne veux pas faire de hiérarchie dans la façon dont je filme le corps” João Pedro Rodrigues

Le réalisateur portugais João Pedro Rodrigues s’est posé les mêmes questions pour ses six longs métrages depuis 2001 et le séminal O Fantasma. Lui aussi privilégie de longues répétitions avant de tourner, pour “traiter et filmer les scènes de sexe comme des dialogues”. Dans son cinéma, le sexe et la nudité sont envisagés figurativement. “Je regarde les sexes comme des mains, des visages. Je ne veux pas faire de hiérarchie dans la façon dont je filme le corps.” Il estime le regard du cinéaste par essence désirant. “Il y a toujours quelque chose d’érotique à filmer un acteur ou une actrice, même en dehors d’une scène érotique. J’essaie qu’ils ou elles soient beaux et belles, comme dans la peinture et la sculpture. Au cinéma, le misérabilisme me déplaît.”

Le désir comme prise de conscience politique

Dans son récent Feu follet, présenté cette année à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes, le réalisateur explore la rencontre drôle, amoureuse et sensuelle d’un jeune prince blanc et d’un pompier noir, mêlant l’émergence du désir à une prise de conscience politique. En écho involontaire à certaines scènes de vestiaire d’Euphoria – qu’il n’a pas vue –, il filme à la suite les queues de plusieurs pompiers dans leur caserne, avant le clou du spectacle, une incroyable scène de 69 entre le héros et son amant, sans autre boussole que sa morale de cinéaste.

“La coordination d’intimité, je ne savais même pas que ça existait. Il faut d’abord parler avec les comédiens, dire très clairement ce qu’on va faire ou pas et entendre s’ils sont d’accord ou non. Si on est clair, on peut faire tout ce qui est dans la nature du film, sauf évidemment risquer leur santé et leur intégrité physique.” Pour la scène de 69, Rodrigues a imaginé une lente déambulation circulaire autour des deux hommes nus dans la forêt, avant de se rapprocher et de filmer une masturbation mutuelle, utilisant des godes présentés comme tels, objets de désir et d’artifice.

“Il y a une idée de joie et de jouissif dans le film, et le jouissif dans le sexe, c’est le climax” João Pedro Rodrigues

“À travers l’artifice, j’espère atteindre l’émotion”, explique le cinéaste. Suivent des éjaculations faciales filmées comme des moments gracieux et comiques, sans honte ni sentiment de domination. “Il y a une idée de joie et de jouissif dans le film, et le jouissif dans le sexe, c’est le climax, donc l’éjaculation pour les hommes. J’ai voulu rigoler avec l’idée du money shot que l’on voit dans le porno.

Et puis, c’est tellement beau de les voir avec le sperme qui arrive sur leur visage. On ne voit pas ça dans les films normalement. Mais dans la vie, on le voit assez fréquemment.” C’est paradoxalement un cinéaste masculin qui a offert la scène de sexe la plus inventive et audacieuse de l’année.

Abus sexuels hors champ

Ovidie, elle, ne prétendra pas lui rafler ce titre. Et pour cause : dans sa série Des gens bien ordinaires, basée sur son expérience d’actrice pornographique au tournant des années 2000, elle a choisi de laisser les scènes de cul hors champ. On suit donc Romain, aka Buck Love, sans voir autre chose qu’un plan furtif et poétique de ses fesses.

“Pour mon personnage, le sexe est un non-sujet, il n’est pas intéressé. Son sujet, c’est la rébellion. Ça n’aurait rien apporté de plus à la narration de le représenter.” Celle que ses collègues et la presse spécialisée appelaient “l’intello du porno” – une allusion y est faite dans la série – estime que réaliser une bonne scène de sexe représente un défi presque impossible.

“Quand je vois des scènes de sexe explicites au cinéma et dans les séries, je me demande pourquoi elles existent, sinon pour appâter le chaland. En général, je les accélère. Il me semble compliqué de demander à des acteurs et actrices qui ne sont pas des pros de scènes d’en tourner, ou alors ils vont en sortir traumatisés – cf. La Vie d’Adèle.”

“J’ai un vrai problème avec la représentation des viols : sous couvert de vouloir dénoncer, on entretient la culture du viol” Ovidie

Des gens bien ordinaires touche à des sujets douloureux, comme les abus sexuels, mais celui dont est victime Buck est laissé hors champ. Ovidie a voulu éviter ce qu’elle nomme le “trauma porn” : “J’ai un vrai problème avec la représentation des viols : sous couvert de vouloir dénoncer, on entretient la culture du viol en satisfaisant la pulsion voyeuriste du spectateur. Le pire, c’était dans Game of Thrones. Ce sont majoritairement des meufs qui me suivent et, parmi elles, statistiquement, beaucoup ont été violées. Je ne veux pas déclencher du mal-être.”

Un point de vue situé

Une bonne scène de sexe, ce serait quoi ? Celle dont on se souvient toute sa vie. La cocréatrice de Platonique, Camille Rosset, évoque la série Girls de Lena Dunham et le cinéma d’Andrea Arnold (Red Road, American Honey).

Elle a ressenti une libération à l’âge de 18 ans devant le film Mariage tardif avec Ronit Elkabetz. “Dans ma mémoire, l’héroïne couche avec son amant, et l’image d’après, on la voit dans la salle de bain évacuer le sperme. Pour la première fois, j’étais témoin de cela.” Ovidie fait référence au concept de “connaissance située” de la philosophe Donna Haraway en parlant de “point de vue situé”, pour elle la seule manière de réussir une scène de sexe.

“Dans Shortbus de John Cameron Mitchell, des personnes concernées participent à l’action. Un cinéaste gay filme des personnages queer, il a un point de vue situé, sans ce côté ‘visite du zoo’.” Le souvenir le plus fort de l’autrice-réalisatrice reste Les Nuits fauves de et avec Cyril Collard, sorti en 1992. “Là, on est aux frontières du réel, y compris dans les scènes de cul : le réalisateur, qui est aussi acteur, se fait pisser dessus devant la caméra, sous le viaduc d’Austerlitz, comme il se ferait pisser dessus dans la vraie vie. Il raconte son histoire, il y va à fond. Ça, c’est fort.”

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