Comment le gouvernement veut lutter contre la prostitution des mineurs
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POOL New via Reuters
PROSTITUTION – Le gouvernement va présenter ce lundi 15 novembre un plan interministériel, doté de 14 millions d’euros, de lutte contre la prostitution des mineurs qui concerne entre 7000 et 10.000 jeunes en France.
Ce plan, porté par le secrétaire d’État à l’Enfance Adrien Taquet, sera déployé en 2021 et 2022. Il vise à se donner les moyens d’appréhender un phénomène peu connu pour le comprendre, le prévenir et le combattre.
Impliquant plusieurs départements ministériels (Enfance, Intérieur, Justice, Éducation nationale, Numérique, Ville, Tourisme et Égalité Hommes-femmes), le plan compte quatre axes: “sensibiliser, informer et mieux connaître” le phénomène, “renforcer le repérage à tous les niveaux” des jeunes impliqués, “accompagner les mineurs en situation prostitutionnelle” et “poursuivre et réprimer plus efficacement” clients et proxénètes.
Le phénomène touche surtout des jeunes filles, âgées de 15 à 17 ans, entrées dans la prostitution de plus en plus tôt, entre 14 et 15 ans pour plus de la moitié d’entre elles, relevait en juillet le groupe de travail animé par la magistrate Catherine Champrenault dans son rapport qui a inspiré ce plan.
L’élément déclencheur peut être une fugue, pendant laquelle le jeune a besoin d’un hébergement et d’argent et fait de mauvaises rencontres. Parfois c’est un “lover boy”, un petit ami qui prostitue sa copine. Ou des photos “nudes” publiées sur les réseaux sociaux qui le rende victime d’un chantage, relevait ce rapport. Parfois aveuglé par l’amour ou sous emprise, il ne se voit pas comme victime. Il a l’impression d’être maître de sa vie et de gagner de quoi être autonome.
“Beaucoup d’adolescentes disent avoir fait le choix de la prostitution et ne pas le subir. Elles emploient d’ailleurs souvent pour en parler les termes de ‘michetonnage’ ou d″escorting’ qui, pour elles, ont une valeur plus positive. Elles exposent leur activité en utilisant le vocabulaire du monde du travail (bosser, contrat, recrutement, entretien d’embauche…)”, relevait ainsi le groupe de travail Champrenault.
La prostitution, une façon de faire de l’“argent rapide”
“C’est pas de l’argent facile mais c’est de l’argent rapide. Il n’y a aucun moyen de faire autant d’argent en aussi peu de temps”, témoigne Julie, 17 ans, dans le film “Entr’Actes en mode mineur”, de l’association Itinéraires qui accompagne des jeunes prostitués à Lille.
Issus de tous milieux sociaux, ces jeunes ont souvent en commun d’avoir été victimes ou confrontés à de la violence, notamment au sein de leur famille.
Inceste, maltraitance, violences conjugales, précarité, alcoolisme dans la famille ont entraîné chez eux des carences affectives, un manque d’estime personnelle, un attrait pour les conduites à risque, relevait le rapport.
À côté de la prostitution traditionnelle de rue, s’est développée ces dernières années, et en particulier avec le confinement dû au Covid, une prostitution plus invisible et plus jeune, relève Geneviève Colas, coordinatrice du collectif Ensemble contre la traite d’êtres humains.
Des contacts pris sur des sites d’escort ou par des réseaux sociaux, des rendez-vous dans des locations AirBnb ou des hôtels appartenant à des chaînes, en périphérie des villes, sans présence humaine à la réception, relevait le rapport Champrenault, qui observe que l’essor de la “prostitution 2.0” complexifie les enquêtes.
À voir également sur Le HuffPost: Extrait de “A 15 ans, ma fille se prostitue”, l’enquête de Zone Interdite sur la prostitution des mineures
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